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Anthony Phelps, cette longue vie poétique

📸 Henry Saint Fleur

Notre podcast « Des fous et des dieux » rend hommage au poète Anthony Phelps pendant quatre épisodes. Du 11 février au 3 mars 2024, nous publions des témoignages, des éloges et des interviews avec des admirateurs et des spécialistes de son œuvre. Ces  numéros seront diffusés sur le site de Palmes magazine ainsi que d’autres plateformes d’écoute.

Anthony Phelps est un écrivain qui a atteint le sommet dans l’univers de la littérature haïtienne. Ses œuvres sont reconnues nationalement et internationalement. Ce qui explique la traduction de son œuvre en plusieurs langues, notamment, l’anglais, le russe, l’espagnol, l’ukrainien, l’allemand, l’italien. « Mon pays que voici » est son œuvre phare. Œuvre dans laquelle, il décrit Haïti, ses douleurs, ses peines, sa beauté et l’injustice qu’elle subit. 

 En Haïti, dans les soirées culturelles, les clubs de lecture, on lit toujours Anthony  Phelps. Haïti est une terre de vers libre. Une terre de métaphore et de rythme. Bref, la terre d’une vraie poésie. Être poète en Haïti, c’est notable, c’est respectueux.

Né le 25 août 1928 à Port-au-Prince, Anthony Phelps est poète, romancier et un brillant diseur. Il a fait des études de chimie et de céramique aux États-Unis et au Canada, pour ensuite se consacrer surtout à la littérature. Il publie plus d’une vingtaine de recueil de poésies. Il a publié « Été » (1960), « Éclats de silence’’(1962), « Les doubles quatrains mauves (1995), « Immobile voyageuse de picas et autres silences », (2000), etc.  

Il est aussi l’auteur de plusieurs romans dont « Moins l’infini », Paris: Les Éditeurs Français Réunis, 1973; Montréal: CIDIHCA, 2001; réédition sous le titre « Des fleurs pour les héros ». Paris: Le Temps des Cerises, 2013, « Mémoire en colin-maillard». Montréal: Éditions Nouvelle Optique, 1976; Montréal: CIDIHCA, 2001; Paris: Le Temps des Cerises, 2015, « Haïti ! Haïti !’’  (avec Gary Klang). Montréal: Libre Expression, 1985; réédition sous le titre Le massacre de Jérémie : opération vengeance. Montréal: Éditions Dialogue Nord-Sud, 2014 et « La Contrainte de l’inachevé ». Montréal: Leméac, 2006’’.  Il a aussi écrit de la nouvelle, du théâtre et des contes pour enfant.

C’est un homme de radio. Au début des années 60, il fonde Radio Cacique. Phelps, Davertige, Legagneur, Morisseau, Philoctète, ses poètes se mettent ensemble pour rendre d’une utilité publique leurs poésies. Puis, une revue papier prend naissance « Semences » dans lequel seulement quatre (4) numéros ont été publiés, puisque plusieurs d’entre eux, dont Phelps, ont été arrêtés par les tontons macoutes.

Après son bref passage en prison, Phelps s’est exilé au Canada en 1964, là où il a fait du théâtre et du journalisme à la salle des nouvelles de la télévision de Radio-Canada pendant vingt-ans. Parallèlement, il réalise et produit une dizaine de disques de poésie sous son label « Les Productions Caliban». Il a été titulaire, deux fois, du Prix de Poésie Casa de las Americas, à Cuba, en 1980 et 1987. Ce départ en exil était un grand tournant dans sa vie. Il est l’un parmi de nombreux intellectuels oppressés et repoussés par le régime Duvaliériste. Ce n’était ni le premier ni le dernier. Plusieurs travaux de recherches ont été réalisés sur son œuvre dans des universités du monde entier. L’universitaire Joseph Ferdinand a écrit un livre sur son œuvre titré « Écriture de l’exil, Lectures d’Anthony Phelps publié en 2009 chez les éditions de l’université d’État d’Haïti.

Anthony Phelps, un admiré

Marc Sony Ricot,  journaliste au  Nouvelliste et présentateur du podcast « Des fous et des dieux » sur Palmes Magazine s’est prononcé sur l’initiative : « Nous prenons cette initiative pour promouvoir l’œuvre de Phelps, mais aussi pour lui exprimer notre gratitude pour ce qu’il a apporté à la littérature haïtienne. Nous l’admirons. Nous l’admirons pour ses poèmes et son sens d’humanité. Ces poèmes donnent envie de réfléchir, de voyager, mais surtout de regarder notre pays avec un regard différent. C’est une longue vie poétique. C’est aussi un grand amour d’Haïti. Sa poésie est une offrande à la patrie. Quand tout s’effondre, nous avons besoin de la poésie. Cet hommage est comme une lettre d’amour. Nous remercions Phelps pour tout ce qu’il a apporté dans notre horizon de lecteur ».

Le Anthony Phelps de Robert Berrouet-Oriol

Originaire d’Haïti, formé à l’Université du Québec à Montréal, Robert Berrouët-Oriol est linguiste, spécialiste en aménagement linguistique et en communications institutionnelles. Il est aussi poète et critique littéraire. 

« L’ami Thony est ce monumental poète que j’ai eu le privilège de rencontrer dès la fin de mes études secondaires à Montréal, dans le quartier cosmopolite de la Côte-des-Neiges ou d’autres poètes ont imprimé leurs pas (Serge Legagneur, Pierre-Richard Laforest, Gary Klang, Roland Morisseau…). L’ami Thony est aussi celui qui a généreusement mais sans complaisance accueilli mes tout premiers poèmes, qui m’a légué l’exigence de la rigueur dans la fiction poétique et qui, mallarméen dans l’amplitude de sa haute poésie, m’a appris que« la poésie est faite pour être dite ». L’amitié solaire franche, hospitalière et généreuse de l’ami Thony m’est précieuse, elle accompagne encore ma poésie devenue adulte et j’ai envers l’auteur de « La bélière caraïbe» et de « Femme Amérique » une si grande dette ».

Cet hommage à Anthony Phelps est né aussi pour perpétuer son héritage littéraire et pour honorer sa contribution à la littérature haïtienne et mondiale. 

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