Deux journées d’atelier de slam/poésie ont été organisées au lycée Faustin Soulouque du 21 au 22 juin dans le cadre du premier numéro du festival « Slam en folie » dont la ville de Petit-Goâve sera le théâtre du 29 au 30 juin prochains.
Une vingtaine de jeunes ont pris part à ces rendez-vous autour des techniques de création poétique et de l’oralité animés tour à tour par Adlyne Bonhomme, Ducarmel Alcius, Myrtheau Casséus, Adelson Elias et Ricardo Louis (Ricky Fou Conscient).
Imprégnation poétique, création poétique libre, création poétique dirigée, travail sur les formes poétiques et les techniques de scansion de textes ; ce sont autant d’éléments qui ont assaisonné ces deux jours d’ateliers et nourri ces moments extraordinaires et riches en échanges.
S’il était question pour les intervenant.e.s de faire saisir les procédés poétiques menant au poème « Sang » de Henry Michaud, d’apprendre ce qu’est un oxymore, un chiasme, une métaphore, bref de mettre les mains des écoliers au contact de la pâte du langage, chaque moment était pour le moins ponctué d’un spectacle improvisé où chacun essayait comme il pouvait de remonter un poème de mémoire ou de lire un des extraits de textes de Georges Castera, de Marc Exavier, de Annie Salager, de Rodney Saint-Eloi… accroché.e.s aux murs de certains bâtiments du lycée et mobilisé.e.s pour l’occasion.
Cette série d’ateliers réalisés dans le cadre de la première édition du festival « Slam en folie » est en effet, selon l’initiateur du festival et auteur de l’album « Équinoxe », Ricardo Louis, une façon d’offrir un espace aux jeunes friand.e.s de la chose littéraire mais à qui aucune vitrine n’avait jusque-là été aménagée. Ricky, de surcroît, dit entendre mener un vrai combat avec son équipe pour que ceux.celles qui écrivent en région puissent être regardé.e.s et leur production, valorisée.
Ces deux journées d’ateliers répondent à un besoin plutôt ancien d’assainir l’espace culturel de la ville qui, la plupart du temps, propose des pratiques culturelles et de loisirs qui exposent les jeunes plus qu’ils ne leur permettent de s’ouvrir sur l’utile et le durable, croit Adelson Elias, membre du festival « Slam en folie ».
Interrogée sur le sens de la séance d’imprégnation poétique qu’elle a conduite, l’auteure de « L’éternité des cathédrales », Adlyne Bonhomme dit croire important, toujours, d’inscrire les jeunes dans le symbolique, dans ce qui n’a corps que rêvé et senti, ajoutant que grâce à cette planche jetée sur la ville, la poésie pourrait avoir les mains moins tremblantes et les poumons moins fragiles.
Si les textes produits par les jeunes étaient applaudis lors de la séance qu’il animait, Ducarmel Alcius, champion du « Prix du jeune écrivain 2019 (PJE) » et acteur impliqué aussi dans le festival, a toutefois pris un recul nécessaire pour leur signaler qu’il faut toujours un motif au poème et qu’on n’écrit pas juste par besoin de faire dire qu’on est là, concluant qu’il importe toujours d’inscrire le poème dans un engagement.
Myrtheau Casséus, slameur engagé et auteur de l’album de slam « Firanmezi » ayant travaillé en l’occurrence sur la question de l’oralité a, quant à lui, estimé que ces ateliers tenus par l’équipe du festival sont de très bonnes graines jetées dans cette société en manque grave de repères, où tout le monde est broyé par ce sentiment étrange que pour être au monde, il n’y a rien d’autre que l’argent et le matériel.
À l’issue de ces deux journées d’ateliers, les participant.e.s ont donné leur avis et proposé aux responsables de tenir un calendrier et d’en faire une activité régulière.
On voudrait rappeler aux mécènes, que l’équipe attend encore de l’aide. Si la volonté est là et imbattable, de réaliser le festival, les moyens en revanche manquent énormément qui mènent vers la cible.
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