12 mai : À quand de meilleures conditions de travail pour les infirmier.e.s

Dévalorisation, salaires incongrus, conditions de travail inappropriées, insuffisance de matériels, non-respect du ratio infirmier/patient, sont entre autres les défis auxquels font face les infirmier.e.s dans l’exercice de leurs fonctions. En dépit de tout, certains sont continuellement sur leurs lieux de travail, donnant encore et encore leur sueur et leur sang. Mais dans de telles conditions, l’efficacité des soins de santé ne peut être garantie. Un petit coup de rappel est important en cette journée internationale des infirmiers/infirmières.

Le 12 mai rappelle la naissance de Florence Nightingale, figure emblématique des soins infirmiers modernes. Cette même date a été retenue pour célébrer la journée internationale des infirmiers/infirmières. L’implication des infirmiers/infirmières dans le maintien des services de santé mérite en effet ce témoignage de respect et /ou de gratitude. Tous les 12 mai il est coutume, au sein de nombreux hôpitaux/centres de santé, d’organiser de petites fêtes en l’honneur des infirmiers.e.s. Vu les conditions de travail de ces dernier.e.s, ce 12 mai devrait être l’objet de réflexions profondes pour une réforme dans la pratique des soins infirmiers. Cette réforme est encore plus pressante aujourd’hui. Partout dans le monde les personnels médicaux et paramédicaux, particulièrement les infirmier.e.s, sont au premier rang dans la lutte contre la COVID-19. N’était-ce pas eux/elles, on aurait connu des jours beaucoup plus sombres. En Haïti, notre système de santé est parsemé de faiblesses, des modes de gestions douteux et des traitements décourageants poussant ses personnels à bout. Et le personnel infirmier, en tant que pivot, en est le plus touché.

Selon certains constats, surtout avec l’apparition de cette nouvelle pandémie, il existe une forte probabilité pour que la santé et les soins de santé soient affectés dans les prochaines décennies. D’ici 2030 le monde aura besoin de neuf millions de sages-femmes et d’infirmier.e.s supplémentaires pour une couverture sanitaire universelle, précise l’OMS. A noter que 2020 a été désignée l’année internationale des sages-femmes et du personnel infirmier. Il est clair que la résilience future des services de santé dépendra du nombre suffisant de ces personnels ayant à leur disposition des ressources adéquates. Prévenir vaut mieux que guérir, dit-on. Cette pandémie est bien une occasion, de plus, pour Haïti d’ouvrir les yeux sur le danger qui s’appesantit sur elle en matière de santé. Il nous faut en urgence des politiques de santé publique bien définies et applicables, prenant en considération les besoins de chaque acteur pour des résultats durables.

Si l’Etat haïtien a une grande part de responsabilité, d’un autre côté, les concerné.e.s doivent sortir de leur passivité, enlevant ainsi les idées préconçues réduisant par exemple une infirmière à une “donneuse de piqures”. Cette génération, apparemment, refuse de se faire coller ce signet. Certains jeunes engagés de la profession utilisent tous les moyens afin de faire entendre leurs voix et de valoriser leur travail. C’est dans cette optique qu’un concours de texte a été lancé à travers les réseaux sociaux. Initié par l’infirmière Clara Guillaume, ce concours vise à attirer l’attention sur l’importance du leadership infirmier dans l’essor de la profession, et aussi inciter les infirmiers/infirmières à la pratique de l’écriture et de la recherche. Selon Clara, l’absence ou le manque de leadership de ces dernier.e.s constitue un obstacle pour l’avancement de la profession. En effet, le leadership est un élément de base capable de consolider et de faire avancer les soins infirmiers. Chaque infirmier/infirmière devrait se considérer comme un leader. Un leader capable d’éclairer et d’aider la population, qui indéniablement est à court d’informations et de soins de santé.

Organisé sur le thème: « Importance du leadership infirmier dans la pratique de soins », les participant.e.s ont eu à envoyer une dissertation autour de la question et une courte vidéo résumant leur point de vue. Les trois meilleurs textes et la meilleure video seront bientôt dévoilés et seront grandement récompensés, nous rassure la coordonnatrice. Cette toute nouvelle initiative, qu’il faudrait absolument encourager dans le secteur, a été jusque-là un véritable succès.