Dans un contexte social difficile où certains envisagent de laisser le pays, Anaïse Hector préfère continuer à donner forme à ses inspirations.
Si vous fréquentez la Faculté des sciences humaines ou le Centre d’Art de Port-au-Prince, il est fort possible que vous l’ayez déjà croisée. Anaïse résulte du mélange exceptionnel d’une timidité légèrement excessive et d’une remarquable sûreté. Elle fait partie de ceux pour qui la solitude ne représente pas un réel fardeau et qui profitent de l’expérience humaine à leur façon.
Née le 10 février 2001 d’un père aquarelliste, elle s’inscrit en 2018 au Centre d’Art. Elle fait de la peinture sur toile et, parallèlement, effectue des études de psychologie à la Faculté des sciences humaines. Influencée par Frida Kahlo et Luce Turnier, l’un de ses plus grands objectifs consiste à laisser un héritage important dans l’art en tant qu’artiste haïtienne. Dans un milieu exigeant et majoritairement composé d’hommes, Anaïse croit fermement en son talent.
En dépit de ses capacités, des propos sexistes viennent de temps en temps troubler son esprit. « Parfois on me dit : oublie que tu es une femme, apprends à peindre comme les hommes. Ou encore : les femmes n’exécutent pas ces travaux. »
L’art pour plus de liberté
La première chose qu’elle tient à exposer, explique-t-elle, c’est la liberté qu’offre l’art.
Elle utilise la peinture pour parler de la situation du pays ou de ce qui la touche. Il est vrai que sa démarche artistique se porte surtout sur la nudité, mais elle n’est aucunement statique. L’artiste, en pleine croissance, estime avoir énormément de messages à faire passer et préfère ne pas peindre sur un thème particulier.
« J’ai toujours voulu être la muse d’un artiste. De ce fait, je me considère comme ma propre muse », dit-elle avec beaucoup de fierté.
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Elle fait de l’art un espace libérateur et profite de chaque petite occasion pour le montrer. Elle a, par exemple, déjà réalisé une œuvre sur laquelle elle a posé quelques fragments d’un poème tiré du répertoire d’un artiste auquel elle a voulu rendre hommage. « La toile a été exposée comme convenu, mais personne ne s’en est rendu compte »,confirme l’artiste, satisfaite de son coup.
La principale recette d’Anaïse Hector
À en croire Anaïse, trouver la bonne recette n’est pas toujours facile. « Il faut beaucoup de discipline ». Vu ses nombreuses occupations, trouver du temps pour peindre n’est pas du tout facile. Elle a dû faire en sorte de mettre un temps à part pour la peinture. Sa passion y est pour quelque chose aussi, croit-elle. « Elle est si immense que l’art est présente dans quasiment tout ce que je fais », souligne la jeune artiste qui veut suivre les traces de Luce Turnier.
Elle a déjà réalisé un essai sur la psychologie de l’art. Mais sa plus grande fierté demeure sa première exposition au Centre d’Art de Port-au-Prince en décembre 2020. Une fierté qui découle exclusivement du rôle du Centre dans l’épanouissement d’un assez grand nombre d’artistes haïtiens évoluant dans ce milieu.
Ses difficultés
La situation du pays, outre les conséquences dangereuses sur l’économie, impacte négativement le secteur artistique. Il y a une baisse considérable des activités culturelles. Ce qui limite quasiment tout effort visant à créer. De plus, certains matériels coûtent extrêmement chers et sont parfois difficiles à trouver. « Sans l’aide du Centre d’Art, il me serait difficile de continuer », explique Anaïse.
Convaincue de pouvoir repousser toutes les limites possibles, elle tient à aller jusqu’au bout de son rêve. Elle croit que l’art, vu le contexte social, peut être d’une grande utilité car il pourrait aider à conscientiser et à créer un espace de partage et de communication. Ce qui, selon elle, permettrait à bon nombre de jeunes de trouver un refuge et fuir ainsi la délinquance.
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