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Shneider Léon Hilaire, entre questionnement et émerveillement 

Wismy Fontin

Shneider Léon Hilaire a volé quelques frissons aux regardeur-se-s venu-es nombreux-ses se gâter de son geste pictural lors de l’exposition des toiles qu’il a réalisées dans le cadre de la résidence artistique de l’association Quatre chemins. Geste pictural en apparence simple, mais qui regorge de symboles et de signes de mystère.

Shneider Hilaire était l’un des artistes ayant bénéficié de la bourse de création de l’association quatre chemins cette année. Parvenu au terme de cette résidence, l’artiste qui travaillait sur les « Mythes et Légendes du littoral des Côtes-de-fer », a donné à voir une belle exposition à Yanvalou restaurant, le jeudi 17 novembre 2022. Six toiles narrant effectivement les mythes et les légendes entourant le littoral de Côtes de fer étaient accrochées au mur du restaurant : allant de la toile présentant l’homme très riche, qui traverse la mer à cheval, en passant par celle où le ciel bouge ou tremble avec la mer jusqu’à celle où deux corps semblent implorer une divinité vodou.

Dans ces toiles empreintes de motifs proches du rituel vodou où du noir, du blanc et du gris se côtoient presque paisiblement, c’est l’expérience entre autres d’une mer à la couleur blanche, de poissons qui volent ou d’une église perdue dans la mer. Peintes avec intelligence, les toiles de l’artiste où tous les personnages sont noirs de couleur, ont fait exister des échanges nourris entre les visiteurs.

L’une des œuvres de Shneider Hilaire. 📸 Wismy Fontin

Le public envoûté par les œuvres de Shneider Hilaire. 📸 Wismy Fontin

C’est par sentimentalisme, qu’avant tout l’artiste avait choisi Côtes-de-fer, nous dit-il. Il y a un peu de ses racines du côté maternel. Mais pas que : l’ayant interrogé sur le sens du choix de ce lieu du littoral des Côtes-de-fer, il répond entre autres choses :

« Aux Côtes-de-fer (une commune du département du Sud-est) il y a une grotte souterraine appelée Trou Mayon menant vers la mer. Selon la légende, il y aurait, dans cette grotte, une sorte de grognement qui annoncerait la pluie. Donc, en ce qui concerne la mer et les pêcheurs, l’imaginaire collectif de la population côtiferoise est très riche », dit-il. Mais aussi comme la plupart des communes méconnues « je voyais cette résidence comme une opportunité de faire converger les regards sur cette ville qui a tant besoin de considérations », avoue-t-il.

« Questionner, sauvegarder et partager le patrimoine oral de l’imaginaire collectif de la population des Côtes-de-fer relatif à la mer et au littoral », est parmi les objectifs qu’ont poursuivis ce travail de création.

Éléments bio

Shneider Léon Hilaire est né à Port-au-Prince. C’est enfant qu’il apprend les rudiments du dessin de manière autodidacte, en reproduisant les personnages de dessins animés. Très vite, il aiguise son sens de l’observation et réalise des autoportraits. Des commandes émanant de son entourage immédiat le convainquent de se lancer dans le portrait réaliste.

A l’adolescence, il décide de se consacrer totalement à la création artistique et se familiariser aux techniques de la peinture réaliste. Par la suite, il s’inscrit au Centre d’Art de Port-au-Prince, où il développe ses propres styles et langages plastiques auprès d’artistes internationalement reconnus tels que Simil, Frantz Zéphirin ou encore Mario Benjamin.

Pour Shneider, toute œuvre d’art porte en elle une représentation des doutes d’une époque, d’un peuple et/ou d’une société donnée dans un temps précis. A l’intérieur de ses œuvres d’art, Schneider glisse les questionnements de la société dans laquelle il évolue, plus précisément le questionnement de ses croyances, de ses idéologies et de ses illusions.

« Je traite dans mes peintures des sujets qui font référence à la mort, à la mélancolie, à la religion, à la mythologie, au rêve », explique l’artiste.

Schneider dont le travail commence à être très bien apprécié dans le milieu culturel haïtien, peint et se joue des couleurs pour plonger dans l’émerveillement.

« Je veux que les couleurs que j’applique créent une impression de profondeur sur ceux qui regardent mes tableaux. J’essaie de transmettre des émotions à travers les couleurs que j’utilise, elles jouent un rôle plus expressif que descriptif ».

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