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CEAL : Une école à Léogâne consacrée aux enfants déficients auditifs et intellectuels

Un an après le tremblement de terre qui a détruit la ville de Léogâne, soit en 2011, quelques citoyens et citoyennes de ladite commune ont mis sur pied le Centre d’Éveil et d’Apprentissage de Léogâne (CEAL). Cette institution  scolaire est destinée aux enfants déficients auditifs et intellectuels.

À Guérin, sur la Nationale #2, à environ cinq minutes à moto du centre-ville de Léogâne, derrière une barrière bleue faite en tôle ondulée, des dizaines d’enfants ayant une déficience auditive et intellectuelle se retrouvent pour le pain de l’instruction. Il est 10 heures 40 minutes du matin quand on a frappé à cette barrière qui ne laisse pas tout de suite penser à celle d’une école.  Une fille vêtue de son t-shirt orange sur lequel le nom de l’école est écrit s’est empressée d’ouvrir la barrière. Sur la cour, des jeunes ne font que gesticuler, des gestes qui font office de parole pour chacun d’entre eux. C’est par des gestes qu’ils nous ont également indiqué la direction de l’école où nous avons eu rendez-vous.  

C’est une femme d’une énergie positive débordante qui nous a reçus à son bureau dont les murs parlent déjà de la mission de l’établissement. France Remy est directrice du Centre d’éveil et d’apprentissage de Léogâne (CEAL). À en croire cette femme, le travail d’enseignement qu’on fait au CEAL a commencé au lendemain du 12 janvier 2010. Elle faisait partie d’une équipe qui a mis sur pied un poste d’urgence au camp du Parc Gérard Christophe en vue d’aider les personnes blessées. « C’est à ce moment-là que j’ai rencontré les premiers enfants malentendants qui m’avaient fait venir  l’idée de trouver un moyen de les aider à apprendre à lire et à écrire leurs noms et leurs numéros de téléphone »,raconte France Remy, directrice et membre fondateur de l’institution. « L’école a été formellement fondée en 2011 et reconnue par le Ministère des affaires sociales et du travail(MAST) en 2012 comme organisation communautaire. Et la construction nous a été offerte par une organisation non-gouvernementale italienne appelée PONTE », poursuit-elle.

Une équipe composée de volontaires

La déficience auditive est un handicap qui ne se voit pas et qui provoque de la gêne parfois l’agacement chez les personnes qui en souffrent et la déficience intellectuelle n’est que des limitations significatives au niveau de la capacité intellectuelle et au niveau du comportement adaptatif. Ainsi, selon madame Remy, cette catégorie a besoin d’un cadre de formation spécial qui lui soit appropriée.

Cette école, démarrée avec seulement cinq enfants déficients, avait d’abord pour objectif d’apprendre aux enfants à écrire leurs noms et leurs numéros de téléphone. Mais sous l’impulsion des parents qui ont été satisfaits de la première forme d’éducation reçue par leurs enfants, les responsables ont donc pris la décision  d’élargir le cadre. Elle accueille désormais quatre catégories de déficients: les sourds profonds, les malentendants, les entendants avec difficulté de langage et les déficients intellectuels. Ils offrent un programme d’éducation plus complet aux enfants déficients jusqu’à la 6e année fondamentale.

L’on doit préciser que tou.te.s celles et ceux qui prêtent main forte à cette institution ne sont que des volontaires. Certains d’entre eux sont des volontaires passagers aimant la présence de l’école dans la communauté, selon la directrice. Ils offrent leurs savoirs et leurs savoir-faire à la communauté, particulièrement à ceux et celles ayant un handicap auditif et intellectuel. Par ailleurs,le personnel du CEAL, ne se sent jamais fatigué de travailler avec les enfants déficients. Au contraire, il se pose comme l’un des défenseurs de la cause de cette catégorie de personnes très négligée et même oubliée dans la société haïtienne.

Assise derrière son bureau à la direction, Katiana Cadet, la secrétaire du CEAL, nous parle un peu de son expérience au sein de l’institution. « Il y a deux mois, j’ai été promue au poste de Secrétaire au Centre d’Éveil et d’Apprentissage de Léogâne. Auparavant  j’ai travaillé uniquement dans les camps d’été organisés pour les déficients. En travaillant dans une telle institution, je vois développer en moi une profonde empathie pour les apprenants déficients »,raconte-t-elle.Madame Cadet est fière du travail qu’elle fait au centre qu’elle considère comme un sacerdoce.

Une institution d’intégration  d’une catégorie sociale marginalisée

Les personnes souffrant de déficience auditive et intellectuelle font partie des catégories sociales marginalisées dans la société haïtienne.  La majorité d’entre elles, surtout dans les zones reculées et rurales, ne fréquentent pas une école, autrement dit n’ont pas accès à l’éducation.

Des enfants déficients en classe au CEAL

« Notre école est une opportunité offerte à ceux et celles qui ont ces déficiences pour se faire une place dans la société », martèle France Remy, sous un air de satisfaction. En effet, elle a profité de l’occasion pour nous présenter Christopher Joseph et Johnson Charles, deux  déficients auditifs. Le premier est un formateur au CEAL qui est également artisan. Il nous a montré du doigt, dans les pieds de l’un de ses camarades, une chaussure qu’il a fabriquée à l’aide de la broderie.

Quant à lui, Johnson Charles n’est que l’assistant de la directrice à la 6e année. Au moment où la directrice nous emmène visiter cette classe, il était d’ailleurs  en chaire. C’est en langue des signes qu’il a demandé aux élèves de se mettre debout et leur a communiqué notre nom. Selon madame Remy, les enfants déficients auditifs reçoivent une éducation en langue des signes haïtiens (LSH) et en langue des signes américains (ASL).

« Certains de nos jeunes sont très âgés. Il y en a qui ont même 22 à 24 ans et qui sont en 4e année fondamentale. Car en plus d’être malentendants et sourd profonds, ils souffrent également de la déficience intellectuelle », informe la directrice qui regrette que ces personnes n’arriveront pas à boucler leur étude classique. « Mais l’objectif de leurs parents est de leur permettre d’apprendre à lire et à écrire », renchérit-elle, soulagée.Selon France Rémy, l’institution a d’autres objectifs concernant les jeunes et les enfants déficients. Un projet de formation professionnelle est en cours d’élaboration pour ces jeunes.   

Le Centre d’Éveil et d’apprentissage de Léogâne est  l’une des rares institutions scolaires destinées aux personnes ayant un handicap dans la Région des Palmes composée des communes de Léogâne, de Petit-Goâve, de Grand-Goâve et de Gressier. Ce centre représente une institution de service public dans la commune de Léogâne qu’il faut à tout prix valoriser vu son importance pour la société.

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