Darly Renois, l’écriture comme activité de partage

Natif de Jérémie, Psychologue et Philosophe de formation, Père de deux enfants, Darly Renois est aussi poète, calligraphe, sérigraphe, comédien. Il est fondateur de KOZ’ART qui est une association socio-culturelle qui signifie « Kozri sur l’Art ». Il a également lancé Pwezibadou à  Dame-Marie, une ambiance où la poésie se mêle au troubadour. A travers ces deux initiatives, Darly compte faire revivre l’art particulièrement la poésie au sein de la commune. Avec des ateliers de chants, de danse, de théâtre, entre autres, il entend équiper les jeunes afin qu’ils puissent se faire valoir dans le monde artistique. Auteur d’un recueil de poèmes intitulé « Retay Mo », Darly Renois fait partie de ceux qui considèrent l’écriture comme une passion avant tout. Palmes Magazine a accordé un entretien au poète.

Que doit-on surtout retenir de Darly Renois?

Ce qu’il faut surtout retenir de moi c’est que je suis fou, comme dirait Antonin Artaud je suis fou même de la folie. Je suis un adepte de l’art, de la poésie, et de la bonne musique.

Pas longtemps vous avez fait votre apparition dans le monde littéraire haïtien, pourquoi vous avez donc choisi l’écriture?

Pour paraphraser Richard Bohringer : «Je veux écrire pour être avec les autres. Ceux que j’ai connus. Ceux que je vais connaitre. Ceux que je ne connaitrai jamais. Je veux écrire pour être meilleur humain. » L’écriture est pour moi une activité de partage, un acte de libéralité. Grâce aux mots, je partage ma joie de vivre et d’existence. Je partage ma philosophie. J’écris pour me rendre utile en tant qu’être humain. J’écris pour être plus proche de l’humain. Un écrivain c’est un ami de proximité, j’imagine souvent mon livre au chevet ou sur le lit de quelqu’un. L’écriture à cette capacité de déplacer notre imaginaire, notre création.

« Retay Mo », votre premier recueil de poèmes publié, est un titre qui ne nous laisse pas indifférent, d’où a-t-il pris naissance ?

 «Retay Mo» est un titre que j’ai hérité de mon enfance. “Retay” était tout ce qui avait peu de sens, peu de valeur, et nous autre étant enfants on se servait des “Retay” pour créer des choses de valeur. Comme: Retay twal, Retay tòl, etc. Et à cette époque j’avais de l’ambition littéraire, je me suis dit s’il y a tant de poètes qui ont épaté le monde par les mots qu’on utilise chaque jour, moi je vais utiliser les reliquats de mots pour créer ma poésie. D’où la naissance de «Retay Mo».

Cheri si w renmen m

Pa ban m lanmou ak ti kiyè ni pa konngout

Ban m lanmou deplotonnen

Mwen pa vle lanmou fil mòl

Ban m lanmou batapik

Pa ban m lanmou ti kodin

Ban m lanmou sakad

Lanmou degidon

Darly Renois est-il un poète qui chante l’amour?

Si vous lisez «Retay Mo» vous allez bien vite retenir que l’amour est une thématique qui me tient à cœur. Car il revient sans cesse. Par contre, je suis mélancolique à travers tous mes écrits. Paradoxe.

Votre prochain titre sort bientôt, doit-on s’attendre à un revers ?

Mon prochain titre comme vous l’avez dit c’est pour bientôt. On doit s’attendre à un Darly Renois avec une écriture poétique plus mature, plus musclée, plus motivée, et plus déterminée. Un Darly Renois encore plus préoccupé par la situation critique que vit son pays, ses compatriotes; parfois la poésie c’est avant tout la sensibilité et la fraternité humaine. Un Darly Renois qui lutte encore pour se faire une place dans le monde littéraire Haïtien en particulier et à travers le monde pour porter sa vision.

Êtes-vous influencé par certains auteurs ? Si oui lesquels ?

Aucun écrivain ne peut prétendre ne pas être influencé par d’autres écrivains. Avant de s’initier à l’écriture on était et on est encore et toujours un lecteur. Chaque auteur influence par son style d’écriture, son art de jongler les mots, sa créativité et son invention. Ainsi certains auteurs ont eu ce privilège d’avoir de l’influence sur moi. Comme Georges Castera, Josaphat Robert-large, Claude Pierre, et tant d’autres de la nouvelle génération d’écrivains.

A partir de vos expériences, quels conseils pouvez-vous prodiguer aux jeunes qui s’intéressent à l’écriture?

Si un jeune ressent l’envie d’écrire, alors je lui conseillerais de foncer. Foncez dans l’imaginaire du réel et l’irréel. Ne laissez aucun obstacle vous barrer. Les premiers pas sont difficiles. Écrivez sans vous arrêter et prenez le temps de lire. Car « La lecture est un magnifique art de vivre » a dit Philippe Sollers. N’oubliez pas que c’est en lisant que vous parviendrez à comprendre ce que c’est l’écriture réellement. Un écrivain est avant tout un grand lecteur. Quoi de plus odieux qu’un écrivain qui ne lit pas ?