Palmes Magazine
Le portail de la région des palmes

Des organisations de droits humains dénoncent « la terreur » qui règne dans le pays

 Selon la Fondasyon Je Klere (FJKL) en moins de huit jours, soit du 25 au 30 juin 2021, près d’une soixantaine de personnes ont été tuées à Cité Soleil, à la rue Magloire Amboise, Delmas et Pétion-Ville. Parmi ces victimes, l’on retrouve le journaliste de la Radio Vision 2000 Diego Charles et la  militante politique Marie Antoinette Duclaire.

Ces derniers jours,  les habitants de  la  capitale haïtienne vivent avec la  peur au ventre.  Massacres et  assassinats isolés,  incendie, etc.,  le sang  coule chaque jour et presque partout dans la zone métropolitaine.  En moins d’une semaine  une soixantaine de personnes ont perdu  leur vie.

Au moins quarante personnes ont été tuées à Cité Soleil le 25 juin 2021, selon la FJKL

La Fondasyon Je Klere a fait état d’un bilan très sombre d’une tuerie dans  la  commune  de Cité Soleil,  le plus grand bidonville du pays. Selon la FJKL, au moins une quarantaine de personnes ont été tuées à Cité Soleil lors d’affrontements entre gangs armés. « Ces personnes sont tuées dans le cadre d’une attaque du groupe dit Fòs Revolisyonè G-9 an Fanmi e alye, dirigé par Jimmy Cherizier allias Barbecue, proche du pouvoir politique en place contre le groupe G-pèp de Gabriel Jean Pierre alias Ti Gabriel », relève la  FJKL  dans son  dernier communiqué publié le 1er juillet 2021.

Selon la Fondasyon Je Klere, l’espace était devenu un champ de bataille.  L’autre groupe a réagi et fait 4 mots dans  le camp adverse. « Des hommes armés du quartier de Boston ont placé des individus armés sur le toit de l’église communément appelée Seven-Up qui domine le quartier de Brooklyn, fief de Ti Gabriel. En réaction, la bande à Ti Gabriel a attaqué les soldats du Groupe de Boston placés sur cette position stratégique tuant quatre (4) soldats du G-9 », lit-on  dans le communiqué dont la rédaction a une copie.

Selon la Fondasyon Je Klere (FJKL), des maisons ont été incendiées et d’autres personnes en sont sorties blessées au moment de cette attaque. « La FJKL constate que les bandits ont opéré en toute impunité. Aucun des criminels n’a été arrêté, ou interpellé », regrette la structure. « Port-au-Prince est redevenu le Port au crime ! », conclut la FJKL.

Carnage à Delmas 32, un journaliste et une militante politique assassiné.e.s

Dans  la  nuit du 29 au 30 juin, des  individus non-identifiés  ont assassinés le journaliste Diego Charles de Radio Vision 2000 et Marie Antoinette Duclaire (connue sous le sobriquet Netty), militante politique de l’opposition et porte-parole de Matris Liberasyon. Cette nouvelle a dévasté plus d’un. La militante a reçu sept balles selon une enquête du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH).

« Marie Antoinette Duclaire, journaliste du journal en ligne La Repiblik, militante politique, a reçu sept (7) balles dont une (1) à la tempe gauche, une (1) à la joue gauche, une (1) au bras gauche, deux (2) au sein gauche et deux (2) autres balles au bras droit. Elle se trouvait au volant de sa voiture, devant la barrière de la maison de Diego Charles », détaille le RNDDH dans  son rapport publié le 1er  juillet 2021.

Selon la FJKL et  le RNDDH plus d’une dizaine de citoyen.ne.s ont été assassiné.e.s la même soirée du 29 juin à Delmas 32 dans une fusillade.

Face à ces situations lamentables, des organisations des droits humains comme la Fondasyon Je Klere (FJKL) et  le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) élèvent leurs voix pour dénoncer  le laxisme des autorités et  les exhortent à prendre leur responsabilité

La police dit identifier les auteurs mais aucune arrestation jusqu’à date

Moins de 24 heures après le carnage,  le Conseil supérieur de la Police nationale (CSPN) a donné illico presto un point de  presse. Lors de cette rencontre, le directeur général par intérim de la Police nationale d’Haïti (PNH), Léon Charles a indexé  les membres de « Fantom 509 » et les partisans du policier syndicaliste Guerby Geffrard, délégué du Syndicat  de la Police nationale d’Haïti  (SPNH-17) lui aussi assassiné à Delmas 32 dans l’après-midi du 29 juin 2021. Selon Léon Charles ils voulaient de la sorte venger leur collègue.

« En réaction à l’assassinat de Guerby Geffrard, ses alliés ont concocté cette fusillade qui a entraîné la mort de 15 paisibles citoyens. Parmi les personnes assassinées, on retrouve le journaliste Diego Charles de la radio Vision 2000 et Antoinette Duclaire. La PNH présente ses sympathies aux familles des victimes. L’institution ne saurait tolérer sous aucune forme ces actes de représailles. La PNH est là pour identifier les auteurs et coauteurs de ces crimes », avait déclaré Léon Charles au cours d’un  point de presse donné mercredi dernier à la direction générale de l’institution.

Face aux  allégations  du  DG a.i de  la  PNH, le Réseau national de défense des droits humains intervient apporter des clarifications.  Au fait,  le RNDDH souligne que dans la nuit du 29 au 30 juin 2021, trois (3) événements sanglants différents se sont produits dans trois (3) zones différentes, à des moments différents soit à Delmas 32, à Christ-Roi et à l’Avenue N. Il s’agit cependant, selon les informations recueillies par l’organisme,  de crimes perpétrés par des individus lourdement armés dont certains ont été identifiés par des riverains de Delmas 32 comme faisant partie des gangs influents du G-9 an Fanmi e Alye.

« Le RNDDH condamne les déclarations hâtives et irresponsables, aux conséquences imprévisibles du directeur général a.i. de la PNH Léon CHARLES car, indexer un secteur dans la perpétration de plusieurs crimes ne peut se faire avec autant de nonchalance. En ce sens, le RNDDH rappelle à l’attention de ce dernier que c’est pour éviter des dérives du genre, que le législateur avait bien pris soin de séparer les rôles des institutions policières et judiciaires, dans le traitement des actes délictueux et criminels », a réagi l’organisation.

Déjà trois jours  après  les déclarations  du DG a.i  de la  PNH,  l’institution policière  n’a annoncé aucune arrestation dans ce dossier. La corporation des journalistes attend depuis des années plusieurs les résultats de plusieurs enquêtes menées autour de l’assassinat de journalistes dans l’exercice de leur métier. Ce double assassinat vient-il rallonger la liste des enquêtes qui se poursuivent ? Fort de ces constats, le RNDDH en appelle encore une fois à la mobilisation citoyenne pour exiger le respect et la réalisation des droits de la population haïtienne.

Ailleurs sur le web

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.

commentaires
Loading...