Chiens, chats, lapins, cochon d’Inde et certains oiseaux comme des perruches, des oies et des paons sont exposés par des vendeurs sur plusieurs trottoirs des rues de la capitale. Mais d’où viennent-ils au juste ?
André* est entré dans le commerce des animaux domestiques depuis 2007. C’est son petit frère qui l’a initié. Grâce à ce commerce, cet homme trentenaire arrive à prendre soin de ses trois enfants et de sa femme. Même s’il ne vend pas un animal chaque jour, quand il arrive à en vendre un, il couvre les journées passées blanches au bord de la route de Bourdon. Au fait, son petit frère et lui vivent grâce à ce business. Ce dernier ne compte pas moins que cinq enfants élevés grâce à ce commerce.
De son côté, Pierre a terminé ses études classiques et a ensuite obtenu un diplôme dans une filière professionnelle. Mais c’est grâce aux ventes de ces animaux qu’il arrive à faire acquisition d’un terrain et avoir une voiture ainsi qu’à aider les membres de sa famille. En effet, ce marché est très rentable dans le pays tandis qu’il n’est pas contrôlé pas l’État haïtien. Un pair de perruches ne coûte pas moins de 2500 gourdes et un seul pigeon vaut 750 gourdes. « Certaines fois, je vends un chien pour 400 ou 500 dollars us (environ 36 000 à 46 000 gourdes, Ndlr) tout dépend de son espèce, cela me permet de couvrir les autres jours passés sans rien vendre », explique-t-il.
La majorité des vendeurs d’animaux domestiques à Port-au-Prince pratique cette activité de manière informelle. Cochon d’Inde, canari, diamant de mandarin, chien de berger, dinde, pintade, perruche, paon etc., ils sont tous exposés sur la route de Bourdon, à Pétion-Ville et à l’avenue Magny en face du ministère à la condition féminine et aux droits des femmes, pour ne citer que ces lieux-là. Il n’y a donc pas vraiment un lieu spécial réservé pour les exposer.
La majorité de ces animaux vient de la République Dominicaine – sans aucun contrôle sanitaire. Sauf quelques rares animaux peuvent être achetés ici, selon les marchands interrogés. Il s’agit notamment des lapins, des tourterelles, des dindes et des pintades « Des chasseurs ont l’habitude de nous vendre des animaux qu’ils ont capturé à l’aide de guet-apens mais ceux qui sont les plus importants, nous les achetons ailleurs », nous confie André.
Un commerce qui n’est pas facile
À en croire Pierre, c’est un dur labeur. « Chaque matin, on doit les mettre au bord de la rue et les rentrer en fin d’après-midi. On doit les nourrir régulièrement. Donc, il faut être toujours disponible pour eux », a-t-il fait savoir.
Contrairement à André et son petit frère ainsi que Pierre qui tous ont de beaux souvenirs dans ce commerce, Marc, qui vend à Pétion-Ville, a vécu des moments difficiles dans son business. Il ne vend que des oiseaux. Certaines fois, la situation climatique du pays lui fait du tort. « J’achète mes marchandises en République Dominicaine, parfois je perds un ou deux oiseaux en les transportant, se lamente cet homme qui dit se donner totalement à ce business. Autre tâche encore plus difficile, c’est l’entretien de ces animaux. Le plus souvent, il y en a qui se reproduisent dans leurs cages d’exposition. « Il y a des moments où la chaleur est tellement haute qu’ils boivent beaucoup d’eau. Il faut vérifier à chaque instant. En plus, il y en a d’autres qui pondent des œufs, je suis obligé de les donner un traitement particulier pour les protéger contre les autres », raconte-t-il.
Ce dernier dit regretter que l’État haïtien n’ait pris aucune mesure pour créer de meilleures conditions au pays afin qu’ils puissent mener sans inquiétude leurs activités.
*Les personnes intervenues dans cet article ont préféré garder l’anonymat, nous avons donc utilisé des noms d’emprunt.
Molière ADELY est journaliste/redacteur à palmes Magazine. Il est également étudiant en sciences anthropologiques et sociologiques à l’Université d’État d’Haïti. Il collabore avec d’autres médias à Port-au-Prince. Il aime la culture et la politique. Il est aussi un passionné des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC)