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Frantz Noé, le jeune qui redynamise la culture du café dans la région des Palmes et les Nippes

De 2017 à 2022, Frantz Noé a déjà produit plus de 30 000 plantules de café dans les communes de Grand-Goâve, de Fond-des-Nègres et de Paillant.

La  production de café à Grand-Goâve est née d’un  projet de reforestation qui a toujours habité le jeune Frantz Noé qui, dit-il, s’est toujours senti dévasté  devant le tableau dramatique de  nos montagnes déboisées. Selon lui, les nombreux dégâts constatés après le passage d’un cyclone est dû au  phénomène de déboisement dans le pays. 

 Né d’un besoin de lutter contre le déboisement

Frantz Noé connaît bien la culture du café, pour avoir été dès son plus jeune âge dans l’exportation de cette denrée agricole. Il se souvient avoir été initié à cette activité par son père adoptif, Anthony Jones Bejamin, un Canadien appelé couramment Blan Tony.  C’est pourquoi en  2016, après le cyclone Matthew, lors d’une visite dans la commune de Grand-Goâve, où il habite désormais,  il lui est venu l’idée de lancer un projet de plantation  de café qui, pour lui, concordait parfaitement avec son projet de reforestation.

En plus d’avoir jadis haussé  l’économie nationale, la production de café est pour Frantz Noé un projet qui peut remédier au phénomène de déboisement dans le pays. « J’ai pensé que la plantation de café serait la solution parfaite pour reboiser le pays. Avec le café, c’est la fin du déboisement, parce qu’on ne peut pas déboiser là où il y a du café, et  les paysans pourront eux aussi participer  au reboisement de l’environnement »,  a-t-il confié. 

Il a  partagé  l’idée avec son père adoptif, Blan Thony, qui l’a embrassé  et  l’a soutenu financièrement. 

En septembre 2017, il a commencé en achetant des milliers de plantules de différentes variétés à la compagnie Selecto, puis les a distribuées aux habitants de la communauté  par série de 10 plantules par personne.  En  janvier 2018,  le projet a grandi et il y a eu sa propre production, soit 6 000 plantules par semestre. Quelques mois plus tard, avec l’aide de son équipe, le projet a atteint les Nippes, soient les communes de Paillant et de Fonds-des-Nègres. De 2017 à 2022, Frantz Noé a déjà produit plus de 30 000 plantules de café dans ces trois communes. 

Le projet qui, au commencement, visait simplement à répondre à un problème de déboisement va aider beaucoup de paysans à gagner leur vie.

Les difficultés rencontrées

Mais tout n’a toujours pas été facile pour le jeune botaniste. Il a rencontré de nombreux obstacles en chemin avant d’arriver là où il en est. Il révèle avoir déjà échappé à des tentatives d’assassinat et de kidnapping car on pensait qu’il était un fonctionnaire de l’État.  Mais le plus  grand obstacle qu’il a rencontré, selon lui, a été, au tout début, le refus des paysans de collaborer avec lui sans rémunération car ils pensaient que le jeune entrepreneur social  voulait les exploiter à son profit personnel.

« Les ONGs ont beaucoup influencé la réaction des paysans. Ils ont l’habitude de recevoir de l’argent pour leur travail, ainsi pensaient-ils que  j’étais payé et que je gardais  tout l’argent pour moi tout en les forçant  à travailler gratuitement. En voyant mon père adoptif, qui est un étranger, m’aider avec le projet, ils étaient en rogne contre moi et refusaient de travailler.  Mais pour moi l’argent n’a pas été le plus important. Ce qui l’était, c’était de pouvoir réussir avec le projet », raconte Frantz Noé.

Ajouté à tout cela, la situation socio-politique actuelle a eu un grand impact sur l’entreprise, nous dit le jeune entrepreneur. «  Il y a eu une baisse au niveau de la production à cause de la hausse des prix des produits et à cause de la difficulté à se déplacer pour se procurer de nouveaux intrants. 

En dépit des obstacles rencontrés, le jeune homme s’est servi de son amour pour sa communauté et de sa détermination comme boussole pour continuer son travail. « Nous n’allons pas baisser les bras parce qu’on sait qu’il y a toujours des embûches sur le chemin de la réussite»,  fait-il remarquer. 

Une vie dédiée au social 

Habité par son amour pour sa communauté, le jeune botaniste souhaite se servir de cette entreprise comme moyen de réinsertion pour les anciens détenus mineurs, en leur offrant du travail après leur libération. 

Il chérit le rêve d’avoir un laboratoire de plantules où il pourra effectuer le traitement des plantes, et un terrain pour produire plus de plantes. Ainsi sollicite-il l’aide de l’État haïtien ainsi que des ONGs qui travaillent dans le domaine agricole. 

« Je pense qu’ avec un laboratoire et un terrain capable d’atteindre 10.000 plantules, nous serons en mesure de distribuer gratuitement des plantules à toute la communauté, ainsi je verrais mon rêve se réaliser plus rapidement »,  ajoute-t-il avec enthousiasme. 

Noé Frantz est un jeune botaniste et père de famille de 29 ans, il est né  à Port-prince mais a grandi  à Petit-Goâve.  Il a fait ses études primaires à  l’École nationale de Tapion, et ses études secondaires au collège Elie Dubois de Petit-Goâve. En Novembre  2017, il a entamé une formation technique en Botanique  au Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (CIRAD)  qu’il a bouclé en novembre 2020. 

Le bien-être de la communauté, c’est le principal but que Frantz Noé se fixe dans la vie et se donne corps et âme pour pouvoir l’atteindre.  Depuis son plus jeune âge, influencé par son père adoptif,   Anthony Jones Bejamin (Blan Tony ), il s’implique dans le social, que ce soit dans le domaine de l’éducation, la santé , la culture, etc. . Il se bat pour faire de sa communauté un lieu sain exempté de toute injustice. Il participe dans de nombreux projets de développement  communautaire. 

En janvier 2012, il est embauché à Caribbean Farms  Organics et nommé Administrateur en septembre 2016. En mars 2018, il commence à travailler à EBEN-EZER  DISCIPLESHIP TRAINING CENTER pour y être nommé ensuite  superviseur agricole en mars 2021.  Depuis janvier 2019, il travaille comme coordonnateur de l’organisation Haïti en marche vers le développement à (HAMAD).

« Assurer le bien-être de ma communauté, c’est pour moi un devoir dont je ne peux m’en passer. Mes proches m’ont toujours conseillé de quitter le pays, mais je sais que si j’abandonne mon devoir envers ma communauté, personne ne fera à ma place ce que je devais faire, et ce serait un acte irresponsable de ma part », a déclaré le jeune père de famille. 

En effet, en été 2017 jusqu’à aujourd’hui, il est administrateur d’un centre d’assistance sociojuridique pour détenus mineurs à la juridiction de Petit-Goâve, qui consiste à assister les détenus après leur incarcération ou leur condamnation et après leur libération en leur aidant à se réintégrer. Il est également responsable d’un projet de construction d’une radio communautaire pour la 3è section communale de Grand-Goâve. 

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