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« Je ne veux pas mourir de faim au Chili », crie un Haïtien de retour au pays

Allaiance Edouard, l'un des Haïtiens qui sont revenus au pays

 

Cent-soixante-dix-neuf nouveaux Haïtiens qui ont immigré au Chili, inscrits au Plan de retour volontaire lancé par Sebastián Piñera,  ont débarqué en  Haïti le 26 novembre 2018 dans la soirée, à l’aéroport international Toussaint Louverture. Le Chili n’étant pas l’eldorado qu’il espérait, ces Haïtiens reviennent au bercail racontant, pour certains, qu’ils refusent de mourir de faim sur un sol étranger.  

Ils étaient nombreux ceux qui attendaient l’arrivée de ces Haïtiens qui ont vécu au Chili mais qui ont choisi de retourner au pays natal, le lundi 26 novembre 2018. Des membres de leur famille, des amis proches, des responsables d’organisation de droits humains, des journalistes… tout le monde attendait l’arrivée de cette deuxième cohorte d’Haïtiens qui se sont inscrits au Plan de retour volontaire du président Sebastiàn Piñera. Après de longues heures d’attente, ces Haïtiens sont arrivés dans le pays avec, pour certains d’entre eux, une grande satisfaction.

Pantalon noir, chemise rouge, gilet noir, chapeau blanc avec un  sac sur son dos et une grosse malle en main, Alliance Edouard, originaire de Léogâne, dit choisir de revenir au pays par ce qu’il ne trouve pas de travail au Chili. « J’ai passé 11 mois là-bas, mais je n’ai pu travailler que pendant deux mois », a-t-il lâché.  Cet homme qui était parti chercher une vie meilleure s’est trompé sur le pays de Piñera. « J’étais allé à la recherche d’une vie meilleure. Mais, après 9 mois sans travailler, j’ai décidé de rentrer au pays  parce que je ne veux pas mourir de faim », a-t-il expliqué. Alliance Edouard raconte qu’il a subi, comme beaucoup d’autres Haïtiens,  différentes formes de discrimination au Chili.

Pour beaucoup d’autres personnes faisant partie de ce groupe, les expériences ne sont pas différentes. « Je n’ai pu travailler que pendant un mois, alors que j’ai vécu pendant un an et 2 mois au Chili. Je vivais donc à la merci de quelques amis » raconte un autre homme qui avait laissé sa famille à St-Marc pour se rendre au pays de Sebastiàn Piñera.

L’État haïtien indexé

 

Arrivé à l’aéroport aidant un jeune homme paralysé à avancer sur sa chaise roulante, le sénateur Patrice Dumont, qui  accompagnait les Haïtiens au bord de l’avion militaire chilien, exige  que le gouvernement haïtien les prenne en charge. « Il faut que le ministère des affaires étrangères, le ministère des affaires sociales et le ministère de l’intérieur préparent une enveloppe pour chaque personne » a enjoint  l’élu de l’ouest.  « Il faut savoir où ils vont et qui est malade ou pas »  recommande le sénateur Dumont

De son côté, le directeur de l’Office national pour la migration (ONM), Eudes  Lajoie  promet que le conseil d’administration de l’ONM va accompagner tous ces Haïtiens revenus du Chili. À en croire Eudes Lajoie, un centre qui peut recevoir jusqu’à 300 personnes est à cet effet déjà disponible en plaine (à Lilavois). « Nous avons un centre d’hébergement  pour  accueillir tous ceux qui ne peuvent pas rentrer chez eux » a-t-il informé.

Pour sa part, le Groupe d’appui aux rapatriés et aux réfugiés (GARR) dénonce la façon dont l’État haïtien traite ce dossier. Pour les responsables de cette organisation de droits humains, il s’agit d’une grande indignation. « L’État haïtien n’a rien fait pour bien recevoir ces revenants. Rien n’a changé dans la façon dont on avait reçu le premier groupe le 7 novembre dernier » regrette Josué Michel, Assistant à la communication au GARR.  « Je pense que l’État va profiter de cette occasion pour refaire son image, en réinsérant ces immigrants dans la société haïtienne » a-t-il souhaité.

 

« C’est la diplomatie haïtienne qui est faible. C’est la faute des autorités haïtiennes » déplore de son côté Dolis Sadrac, coordonnateur du  Mouvement national pour la défense des immigrants haïtiens  (MNDIH), qui considère le retour de ces Haïtiens comme une déportation de force. Pour lui, tout cela est dû au fait que l’État n’a pas pu leur livrer des casiers judiciaires après toutes leurs dépenses et leurs démarches faites auprès des institutions concernées.

Il est à rappeler que ces 179 personnes reviennent au pays 19 Jours après le premier groupe qui comptait 184 Haïtiens. Ce sont des immigrants qui se sont inscrits au Plan de retour volontaire qui est un programme initié par le gouvernement chilien avec pour but d’accompagner les Haïtiens qui ne veulent plus rester au Chili à rentrer dans leur pays. Selon le Groupe d’appui aux rapatriés et aux réfugiés, ils sont à peu près un millier d’Haïtiens inscrits à ce programme.

 

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