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La domesticité: un fléau qui brise les rêves des enfants haïtiens

illustration Julia Spiers pour 8e étage (8e-etage.fr)

En Haïti,  le phénomène de la domesticité ne date pas d’hier. Il est devenu monnaie courante en raison des conditions économiques précaires de la plupart des familles haïtiennes. Communément appelés « Rèstavèk », des enfants haïtiens sont placés chez des gens ayant des liens familiaux avec leurs parents ou dans n’importe quelle autre structure familiale étrangère où ils rendent des services en échange de la nourriture, d’un toit pour dormir et d’une éducation. Cependant, dans la majorité des cas, ces enfants sont réduits à un état de servitude en accomplissant toute sorte de tâches exigées au niveau de la famille d’accueil et même dans le voisinage sans aucune rémunération et considération.

Selon quelques enquêtes ponctuelles réalisées par la Fondation Maurice Sixto, environ 300.000 enfants vivent en domesticité en Haïti. Plus de 75 % d’entre eux sont des fillettes. Les enfants placés en domesticité sont en grande partie issus de familles vivant en milieu rural.

Dans la famille d’accueil, les « Rèstavèk »réalisent toutes sortes de travaux domestiques : recherche de l’eau, lessive, nettoyage, cuisson, entre autres. Privés de loisirs et de repos, ils  doivent être toujours disponibles pour le service. Une situation d’exploitation qui compromet le devenir de la majorité de ces enfants.

Jean, âgé de 33 ans, chauffeur de Taxi moto, nous raconte son vécu dans une famille où il a été placé en domesticité à Léogâne et comment il a pu sortir de cette situation qu’il assimilait à un enfer.

Originaire de Bainet, commune située dans le Département du Sud-est, Jean a été placé en domesticité au sein d’une famille à Léogâne à l’âge de 15 ans. Mise à part les tâches domestiques, il a intégré le magasin de sa soi-disant  bienfaitrice qui se trouvait en plein cœur de la ville.

« Bien qu’il y ait eu d’autres enfants en domesticité dans la maison, je travaillais continuellement. La dame nous réveillait depuis trois heures du matin pour travailler.  J’allais à l’école dans l’après-midi, mais je n’avais jamais eu le temps d’étudier parce que j’étais sollicité incessamment à faire ceci ou cela. Ce qui fait que je ne suis arrivé qu’en 8ème année fondamentale, », raconte-t-il.

La Constitution haïtienne du 29 mars 1987, en son article  261, stipule  ce qui suit : «  Tout enfant a droit à l’amour, à la compréhension et aux soins moraux de son père et sa mère ».

Cependant, Jean, retiré de sa famille, a connu les pires déboires. Injures réguliers, bastonnades, sévices corporels, travail permanent, tels ont été les mauvais  traitements qui lui ont été infligés durant son enfance au quotidien. De l’enfance à l’adolescence, il a grandi privé d’affection maternelle et paternelle. Ce qui  a compromis son développement social et culturel.

Lorsqu’un enfant se trouve en domesticité en Haïti, c’est comme s’il se trouvait en enfer. Car, il est au travail tout le temps et en guise de remerciements, il ne récolte que des reproches, renchérit Jean qui affirme avoir été expulsé de la maison lorsqu’un soir il a été se récréer.

Soulignons que le phénomène Restavèk s’apparente à l’une des pires conditions de travail des enfants si l’on se réfère à la Convention 182 sur les pires formes de travail des enfants de l’OIT de 1999 en son article 3 alinéa a et b. 

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