Entre janvier et juin 2020, le nombre de vols de bétail en milieu rural a battu des records à Léogâne. Des réseaux très bien organisés tuent et dépècent les bœufs durant la nuit.
« Il y a environ deux mois, des malfrats sont venus voler ma vache et l’ont arrachée non loin de la maison de l’éleveur à qui je la confie depuis deux années », se désole Vanel Pierre, propriétaire d’une vache laitière. « Le même jour, près de 7 bœufs ont subi le même sort dans la localité de Baussan. L’on ne sait pas à quel saint se vouer », se lamente-t-il encore une fois.
Ces derniers temps, le vol de bétail devient un phénomène beaucoup plus persistant dans la cité d’Anacaona comme en témoigne l’appel lancé par les éleveurs aux autorités locales pour qu’elles puissent les aider à enrayer ce fléau.
« Ce ne sont pas des bêtes vivantes que les voleurs de bétail étaient venus chercher. Ils abattent les bœufs sur place, prélèvent les morceaux qu’ils voulaient et laissent dans les champs un triste spectacle de sang et de tripes », a avancé un éleveur sous couverture d’anonymat.
Fritz Joseph et Miliesse Brévil, deux agriculteurs de la section de Dessources à Léogâne, élèvent des bœufs depuis plusieurs années. Jusqu’à présent, ils ne se sont pas remis du spectacle de leurs animaux massacrés au début de cette année.
« Ma vache était sur le point de mettre bas. Les voleurs l’ont arrachée et enlevé plusieurs de ses organes et abandonné le fœtus dans l’herbe », se souvient Fritz Joseph. « Pour être honnête, j’étais choqué et furieux », confie le paysan. Pour sa part, Miliesse Brevil ne se remet pas encore de ses trois bœufs volés. « Je suis parti de rien. J’ai même travaillé dans un moulin à canne-à-sucre. Les maigres salaires qu’ils m’ont versés je les ai épargnés pour acheter mes bœufs », raconte-t-il. « C’est poignant. C’est comme si quelqu’un venait chez vous et prenait tout ce qui vous appartient », dit-il, avec de la colère et de l’impuissance dans sa voix. Il est évident que ces vols s’inscrivent dans un processus de décapitalisation de la paysannerie, car ces animaux, pour les paysans, sont comparables à un compte bancaire.
Les voleurs opèrent surtout dans la soirée. Lucmane Sanon, un habitant de la localité de Buteau dont la principale activité est la culture de la canne-à-sucre, a été tabassé par les malfrats au moment où il était en train de se rendre dans un champ de canne. « Ils m’ont roué de coup. Mes mains et mes pieds ont été liés à des cordes. Ils ont même proféré des menaces d’exécution à mon encontre », raconte-il avec de l’émotion dans sa voix. « Les voleurs ont transformé les champs en abattoir à ciel ouvert. Personne ne peut l’ignorer, les voleurs opèrent en bandes organisées et sont bien équipés », renchérit-il.
Beaucoup d’éleveurs ne prenaient pas la peine de signaler les vols à la police. Cela n’empêche pas certains éleveurs à tirer la sonnette d’alarme. Il s’agit d’une tentative de mobiliser les pouvoirs publics contre l’explosion des vols sur les exploitations. Mais les autorités municipales sont conscientes que le phénomène de vol de bétail devient très courant ces derniers jours. Selon une source officielle, la Mairie de Léogâne est au courant de la situation et elle suit de près son évolution. Cependant elle ne peut pas communiquer jusqu’ici de chiffre, elle reconnait que le nombre de bétails volés est considérable.
Pour dissuader les voleurs, les agriculteurs s’organisent en brigade. Par mesure de précaution, certains d’entre eux préfèrent garder leurs animaux chez eux, la nuit, à l’abri du regard des malfrats.
Les sections situées dans les hauteurs autrefois épargnés depuis le début de ce fléau, sont maintenant dans le viseur des voleurs. Des vols de bœufs ont également été rapportés par exemple à Palmiste-à-Vin.
Il ne s’agit pas seulement de vol de bœufs, des vols de cabris et de poules ont été également signalés dans la commune. La différence avec les bœufs qui sont abattus sur place, les voleurs emportent plutôt ces animaux avec eux.
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