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Marché Salomon : l’impuissance des marchand.e.s face à l’insalubrité

Situé à quelques mètres du stade Sylvio Cator, le marché Salomon qui porte le nom d’un ancien président (Lysius Salomon) est l’un des marchés les plus visités de Port-au-Prince. Depuis le début de ce mois on remarque l’augmentation des déchets dans plusieurs endroits du marché. Des marchand.e.s rencontré.e.s sur place racontent leurs frustrations.

Construit dans les années 1800, le marché Salomon est très important dans la capitale haïtienne surtout pour le petit commerce. Mais, malgré toute son importance, le marché fait face à de sérieux problèmes. L’on n’a pas besoin de loupe pour remarquer des tas d’immondices, et ceci dès qu’on entre dans le marché. Une marchande qui vend des mangues à l’entrée sud du marché dénonce l’implication des responsables dans la prolifération des déchets. « Quand on vient jeter les déchets ici, nous essayons toujours de leur en empêcher. Mais ils viennent toujours avec des agents de sécurité arguant qu’ils ont l’autorisation du directeur du marché pour le faire », dénonce-t-elle.

Entrée Sud du Marché

Cette situation désastreuse n’est pas différente dans d’autres parties du marché. Dans la partie est,pour éviter de se salir dans la boue les acheteur.se.s ou les passant.e.s jouent à la marelle. Magda qui vend des bananes depuis plus d’une quarantaine d’année dans le marché se plaint du laxisme des responsables en ce qui concerne le ramassage des ordures. « Pour qu’on ramasse les déchets,  c’est toujours après un long pèlerinage », nous lâche-t-elle d’un ton lassant. « Parfois on prend de l’argent pour enlever les ordures, mais rien n’est jamais fait véritablement […] et après  la pluie, nul ne peut venir ici sans être éclaboussé », poursuit celle qui vit sa quatrième décennie au marché.

 « Si vraiment il y avait des responsables qui exigeaient de ne pas jeter des déchets par terre ; et  si les responsables mettaient en place un service d’assainissement dans le marché, il y aurait pas tous ces déchets », avance un septuagénaire qui fréquente le marché. « Il n’y a pas de poubelles, pas même une personne qui rappelle les gens à l’ordre s’il.elle.s jettent des déchets dans le marché. C’est un bateau sans gouvernail », a-t-il martelé.

Une solidarité pour mieux s’adapter

Face à la passivité des responsables du marché, les marchand.e.s (majoritairement des femmes) ont dû se solidariser pour s’adapter à cette situation qui dérange leur quotidien et l’environnement. « Le marché c’est comme notre seconde demeure. C’est nous qui sommes premièrement affecté.e.s par les déchets. Quand les responsables ne viennent pas les ramasser, nous les arrangeons, et nous les mettons dans des sachets  et après nous payons pour les jeter », explique  Magda.

De son coté Martine, vendeuse de cerise, vante les qualités solidaires des marchand.e.s. « On collabore en ce qui concerne le ramassage des ordures, si y a un.e marchand.e qui n’a pas d’argent au moment où l’on collecte les fonds, les autres couvrent pour lui/elle afin que tous les déchets soient ramassés », avance-t-elle. « Si au moins avec l’argent qu’on prenait les mardis et mercredis, on nous donnait des poubelles en retour ou on bétonnait le marché cela nous faciliterait les choses. Dans cette situation, si on ne le fait pas qui le fera à notre place ? » s’est-elle interrogé.

Au-delà de la dégradation de l’environnement

L’utilisation intensive et abusive des ressources et le rejet des déchets dans l’environnement contribuent à détériorer le milieu. Ce changement a un effet considérable sur la société, la santé humaine, l’économie, les espèces vivantes, la production alimentaire, le tourisme et l’écologie. La pollution de l’environnement augmente de jour en jour, la santé humaine est de plus en plus mise endanger. Selon des estimations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 12,6 millions de personnes sont décédées en 2012 du fait d’avoir vécu ou travaillé dans un environnement insalubre, ceci représentait près d’un quart des décès dans le monde.

L’intensification massive des déchets dans le marché complique de plus en plus la situation sanitaire des marchand.e.s. Roseline Jean, qui vend au détail des produits agro-alimentaires souffrant d’asthme, raconte les péripéties des marchand.e.s face à la gestion des déchets. « On a l’impression qu’on ne peut rien faire pour changer cette situation. On peut assembler les déchets, mais après le vent les emporte», se plaint-elle. « Quand il pleut, c’est un désastre, on a même des difficultés à rester debout », s’indigne-t-elle. 

La solution contre l’insalubrité tarde à venir. Les déchets augmentent et dégradent encore plus la nature. Malgré les efforts des marchand.e.s, il.elle.s restent encore impuissant.e.s. Une bonne partie du marché n’est toujours pas bétonné, pas de poubelle. Les usager.ère.s continuent de patienter. Mais pour combien de temps encore ?

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