Le ministère de la santé publique et de la population (MSPP) a présenté, le vendredi 7 décembre 2018, à l’hôtel Marriott, son rapport statistique annuel, pour l’année 2017 et le rapport préliminaire de l’enquête de l’Évaluation de la prestation des soins et des services de santé (EPSSS). Cette étude a été menée par l’Unité d’Étude de Programmation (UEP) dudit ministère sur : « l’état de santé de la population, les facteurs de risque, la couverture des services sanitaires de base et le fonctionnement du système santé. »
Fréquentation des services de santé
D’après cette étude, la fréquentation des services de santé de la population au moins une fois par an reste pratiquement stable au cours des trois dernières années, car 31.0% de la population avait fréquenté les services de santé en 2015 au niveau national contre 31.5 en 2016 et 30.7% en 2017. Le département du Centre a connu, en 2017, le plus fort taux de fréquentation des services de santé avec 45.7% de sa population. Mais, toujours d’après l’étude, ce résultat doit être interprété avec prudence vu que ce département dispose de deux structures hospitalières qui accueillent des patients venant de toute part dans le pays. Pour les autres départements, les niveaux de fréquentation des services de santé sont variés: 17.6% dans le Sud-est et 39% pour le Nord et leNord-est.
En effet, au cours de l’année 2017, un effectif de 3 450 785 personnes ont fréquenté les établissementsde santé du pays (visites nouvelles) pour un total de 10 609 026 consultations,ce qui correspond à une moyenne de trois visites par patients d’environ. Les départementsde L’Ouest et du Centre ont enregistré le plus grand nombre de visites par patient avec respectivement une moyenne de 4.0 et 3.5. Le Nord a accusé le plus faible niveau de fréquentation, avec unemoyenne de 2.7 visites.
Selon le rapport,le Réseau national de surveillance épidémiologique (RNSE) est constitué de 631 établissementsde prestation de soins de santé sur 1007 établissements de santé fonctionnels recensés par l’Évaluation de la prestation de services de soins de santé (EPSSS). Les établissements du RNSE répartis dans les dix (10) départements du pays génèrent régulièrement des données sur des maladies et phénomènes sous surveillance. Ils représentent 63% de l’ensemble des établissements de santé, au niveau national.
72 cas de diphtérie en 2017
La diphtérie est l’une des maladies qu’on peut éviter par vaccination. Elle a été plus fréquente en 2017 par rapport aux deux années précédentes. Selon les données fournies par ce rapport, 72 cas de diphtérie et 21 décès ont été rapportés. Ce qui donne un taux de mortalité de 29%. Il faut dire que plus de 80% des cas confirmés ont été enregistrés dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite. Pourtant, aucun cas n’a été confirmé dans quatre départements du pays (Grande-Anse, Nippes, Nord-est,et Sud)
La Couverture des services de santé
Pour la planification familiale (PF) le taux d’utilisation a été augmenté, il est passé de 13.2% en 2016 à 21.0% en 2017. L’offre des méthodes de PF aux potentiels utilisateurs se fait à travers 75% des établissements sanitaires du pays (EPSSS,2017-2018). En 2017, un total de 567 565 utilisateurs de planification familiale a été répertorié, ce qui représente 21%. Les résultats ont montré d’importantes variations entre les départements sanitaires; le pourcentage d’utilisation de la PF va de 5% dans le Sud-est à 32% dans le Nord-est.
Il est à souligner que les méthodes de courte durée demeurent les plus utilisées, principalement les injectables (44.2%), le condom (36.4%) et la pilule (11.2%).
L’analyse des données rapportées par départements sanitaires en 2017 révèle que plus de huit femmes enceintes sur dix (84.4%) ont effectué une première consultation prénatale. Le pourcentage des femmes enceintes ayant effectué quatre (4) consultations prénatales est resté plus ou moins stable entre 2016 avec 24.7% et 2017 (25.0%).
Par ailleurs, 152 179 accouchements ont été rapportés par les institutions sanitaires du pays au cours de l’année 2017. Soixante-trois sur cent accouchement ont eu lieu dans des institutions sanitaires. En outre, près de quatre accouchements sur dix, soit 37%, ont été réalisés par les matrones.
Mortalité maternelle hospitalière
Le taux de mortalité maternelle demeure encore élevé en Haïti. Les résultats de l’EMMUS-VI2016-2017 font état de 529 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes. Le ratio de mortalité maternelle hospitalière a été évalué à 327.5 pour 100 000 accouchements institutionnels,au cours l’année 2017, souligne le rapport. La Grande-Anse et le Nord avaient les ratios les plus élevés 462.7 et 469.3 pour 100 000 accouchements. Alors que la plus faible se trouvait dans le département du Centre avec 270.7 pour 100 000 accouchements.
45.9% d’enfants ont bénéficié des services de contrôle de croissance
La couverture des enfants de moins de 5 ans par le programme de nutrition s’est améliorée entre 2015 et 2016, allant de 21.8% à 47.6%. Puis elle a connu une baisse entre 2016 et 2017 (47.6% contre 45.9) (Rapport statistique 2017-MSPP, chapitre #3, page20). Sur l’ensemble des 1 311 141 enfants âgés de moins de 5 ans estimés pour l’année 2017, environ 601 776 ont bénéficiés des services de contrôle de croissance, soit 45.9%. En effet, ces résultats seraient dus à une réduction de la disponibilité des services de suivi de la croissance. Le pourcentage d’institutions offrant ces services étant passé de 66% en 2013 à 55% en 2016-2017 (EPSSS 2013 et 2016-2018), révèle le rapport.
Ressources sanitaires et personnel de santé
Sur 1007 établissements de santé fonctionnels recensés par l’évaluation de la prestation de services de soins de santé (EPSSS), sur tout le territoire du pays, les centres de santé avec lits représentent 16% et les hôpitaux 13%. Les centres de santés sans lits demeurent la catégorie d’établissement la plus fréquentée avec 36% ; les dispensaires et les centres communautaires de santé viennent ensuite (35%).
Quant aux personnels de santé, selon le rapport de la Direction des Ressources Humaines (DRH) paru en juin 2017, le secteur santé comptait 23 171 employés jusqu’au 30 juin 2016. Les établissements publics de santé avaient, à eux seuls, 69% de ces personnels.
Un pourcentage qui met en évidence une situation de pénurie en main-d’œuvres sanitaires essentiels vu que le seuil minimum recommandé par lOrganisation mondiale de la santé est de 25 pour 10 000 habitants. Haïti est très en dessous du seuil de référence acceptable.
Le personnel pour fournir des soins maternels et infantiles, les indispensables, est évalué à 7021 employés (médecins, infirmières et sages-femmes), soit 30% de l’effectif recensé. Ces professionnels rapportés à la population une densité de 6.3 pour 10 000 habitants. Un pourcentage qui met en évidence une situation de pénurie en main-d’œuvres sanitaires essentiels vu que le seuil minimum recommandé par lOrganisation mondiale de la santé est de 25 pour 10 000 habitants. Haïti est très en dessous du seuil de référence acceptable. Il est à rappeler que, selon les estimations effectuées par l’unité d’études et de programmation du MSPP, à partir des projections faites par l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI), la population haïtienne compte, en 2017, un total de 11 244 774 habitants environ. L’Ouest et l’Artibonite contiennent à eux seuls plus de la moitié de la population du pays, soit 37% et 16%. Les départements des Nippes et du Nord-est sont les moins peuplés avec respectivement environ 3.1% et 3.6% de la population.
Molière ADELY est journaliste/redacteur à palmes Magazine. Il est également étudiant en sciences anthropologiques et sociologiques à l’Université d’État d’Haïti. Il collabore avec d’autres médias à Port-au-Prince. Il aime la culture et la politique. Il est aussi un passionné des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC)
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