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Petit-Goâve, une richesse touristique  négligée

Selon l’économiste Kesner Pharel, Petit-Goâve est le « bijou caché du tourisme en Haïti ».

INTRODUCTION

 Le tourisme comme l’action de voyager pour son agrément, pour reprendre Larousse, ne semble pas un phénomène nouveau. D’aucuns pensent que cela remonte même à l’Antiquité, mais le tourisme connaît ses lettres de noblesse qu’à partir du XVIIIème siècle avec le développement du grand tour. En 1803, le terme Tourisme fait son apparition dans la langue française, dérivant du mot anglais « tourist » apparu en 1800 et désignant ces voyageurs qui parcourent des pays étrangers, dans un but autre que les affaires, avant de revenir chez eux.

Une autre définition du tourisme arrive plus tard pour désigner à la fois une migration – le fait de voyager pour son plaisir hors de son espace quotidien, des lieux de vie habituels et d’y résider de façon temporaire – et aussi un secteur économique qui comprend l’ensemble des activités liées à la satisfaction et aux déplacements des Touristes. 

En 2000, quatre organisations internationales donnent une définition commune au terme. « Le Tourisme comprend les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et de leurs séjours dans les lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l’exercice d’une activité rémunérée dans le lieu visité ».

Il importe alors de notifier un point commun qui se dégage entre les définitions du tourisme : il s’agit de se déplacer dans un cadre de loisirs. Il convient en conséquence de rappeler que les loisirs ne veulent donc pas nécessairement dire tourisme.

Le Tourisme depuis de nombreuses années est sans conteste l’un des sujets les plus traités, dans les médias, journaux, livres et autres. Car, il est non seulement une activité de satisfaction de plaisirs et de loisirs, mais aussi, de nos jours, il est, en prédominance une activité de satisfaction économique.  Le développement touristique d’un pays ou d’une région contribue largement à sa croissance économique. Selon l’organisation mondiale du tourisme(OMT), dans certains pays pauvres ou émergents la part du tourisme est fortement considérable dans leur PNB. C’est le cas de la République Dominicaine, de Cuba et autres.

Les plages, les patrimoines, les sites historiques et naturels figurent inévitablement parmi les forces touristiques les plus attractives. Généralement, la demande en tourisme est appréciée à travers les fameux quatre S « Sand, Sea, Sun et Sex ». Mais, aujourd’hui cela s’évolue et/ou se complexifie en fonction de l’évolution des mentalités, des communications, des moyens et des exigences. Sur ces entrefaites, certains auteurs comme Robert Lanquar ont forgé le concept de Sociologie du tourisme. Pour Lanquar, la Sociologie du tourisme recoupe plusieurs domaines comme « le bien-être, le cadre de vie, la culture, la communication, les groupes sociaux, le développement, la rencontre des sociétés différentes, la psychologie des individus, les sondages, les études d’impact ou celles de marché, et l’aménagement du temps de travail ». 

 Et Petit-Goâve semble être le lieu idéal répondant à ces exigences. Sans oublier  certaines activités culturelles et de loisirs qui se pratiquent dans la commune à des périodes précises et qui la rendent captivante. Dans ce cas, comment peut-on établir une relation de complémentarité entre le développement du tourisme dans la commune et le développement économique ? 

 Étudier les potentialités et faiblesses touristiques de Petit-Goâve suppose un travail ardu et objectif, mais avant toute chose il faut dire que le chercheur dans son travail s’oriente vers sa curiosité. Cela a commencé avec l’observation conduisant à l’induction et/ou à la justification de son hypothèse de départ. Il faut préciser que cela nous a préoccupés depuis longtemps d’effectuer cette étude dans la commune de Petit-Goâve.

Avant d’entrer d’emblée dans le sujet, on peut commencer par se demander quel est le poids du tourisme dans la vie économique de cette zone ? En quoi peut-on donc y parler de potentialités et faiblesses touristiques? Quelles sont finalement les  possibilités du développement touristique dans cette commune ? Ainsi, dans les lignes qui suivent, nous nous proposons d’une part de présenter socio-géographiquement la commune de Petit-Goâve. D’autre part, nous tenterons d’étudier et analyser les potentialités et faiblesses touristiques de cette commune. Et nous proposerons finalement quelques pistes de développement touristique à Petit-Goâve.

 De cette étude, on se donne pour tâche de montrer que Petit-Goâve détient d’énormes potentialités touristiques mais qu’elles sont toutes négligées ; montrer également qu’une infirme partie des Petit-goâviens croient dans le développement d’une industrie touristique compétitive de ladite zone ; montrer qu’en revanche les autorités (locales ou centrales) n’ont aucunement travaillé pour une santé touristique stable à Petit-Goâve. Ce qui justifie le volet négligence évoqué toujours en parlant du Tourisme dans la zone. Et finalement faire comprendre que le choix de Petit-Goâve comme lieu d’étude est largement éloigné du hasard, il a été non seulement fait, en fonction de nos connaissances approfondies de la zone mais aussi des caractéristiques essentielles en termes de Tourisme qu’elle présente.

Pour effectuer ce travail, nous nous sommes rendus sur le terrain à Petit-Goâve pour nous procurer les informations y compris les données correspondantes. Nous procédons de prime abord par une promenade dans la ville question de voir comment se disposent les différents facteurs d’attraction touristique. L’enquête consiste d’une part à considérer un échantillon représentatif des potentiels et faiblesses touristiques de la commune. D’autre part, à interviewer certains notables de la commune que réclame notre thématique. Ce travail nécessite de l’observation, de l’interview, des plumes, d’un cahier, d’un téléphone portable pour sa caméra ainsi qu’une modestie intellectuelle.

SOCIOGRAPHIE DE PETIT-GOÂVE

Commune d’Haïti, Petit-Goâve est située dans le Département de l’Ouest et dans l’arrondissement de Léogâne. Selon les données démographiques de l’IHSI (2009), la population de cette commune est estimée à environ 157 296 habitants. Elle est située à 68 kilomètres au sud de la capitale. Composée de la ville et de douze sections communales, Petit-Goâve dispose d’un grand marché public communément appelé « Mache kalarak », situé dans la première plaine particulièrement au village de Vialet.

Ce Marché est considéré comme étant le « garde-manger » de plusieurs départements pour reprendre l’expression de l’ancien ministre de l’environnement/ propriétaire de l’hôtel Villa Ban-Yen en l’occurrence Abner Septembre. On y trouve des produits bio divers. Décrivant ce marché, Ritzamarum ZÉTRENNE a écrit: “Le marché de Vialet est une véritable mosaïque où des gens de toutes les couches sociales se croisent. Vous trouverez les chevaux en un seul endroit : on parle même de « stasyon bourik ». Amusant, non ?” Alors, qui est épargné de caresser l’idée d’y venir voir?

La commune est traversée en longueur par la route nationale # 2. Elle s’étend sur une superficie de 387.88 km2 environ, limitant au nord par le golfe de la Gonâve, à l’Ouest par la commune de Miragoâne, à l’Est par la commune de Grand-Goâve à hauteur du morne Tapion et au Sud par le département du Sud-est notamment la commune de Côte-de-Fer. Sur le plan climatique, dans le cercle de la région du département de l’Ouest, Petit-Goâve jouit d’une agréable température dont la moyenne varie entre 26•8 C en décembre et 29•4 C en juillet. L’alternance régulière des périodes de pluie (avril-septembre) et de la saison sèche (décembre-mars) a toujours donné une grande fertilité à la terre et une verdure luxuriante à la végétation qui autrefois encourageait les habitants à l’exploitation de la terre. Et attirait de nombreux visiteurs.

Une des plus anciennes villes du pays, elle est nommée Goâve par les Amérindiens. Néanmoins, au soir du XVIe siècle, elle va être rebaptisée par les Espagnols. Il fallait attendre la venue des Français pour qu’il y ait la sécession de ces deux agglomérations en Grand-Goâve et Petit-Goâve. Cette dernière est devenue plus que rapide une colonie prospère vers 1663. Mais elle n’avait pas encore la dignité de ville. Et, en ce sens, Nemours Rigaud a écrit « En 1663, Petit-Goâve existe déjà ».

Avant d’avoir été la capitale coloniale, Petit-Goâve était la capitale de la flibuste. Au cours du 17e siècle et au début du 18e siècle tous les bateaux français qui se lançaient dans des expéditions contre l’Amérique hispanophone ont mouillé la baie de Petit-Goâve et y ont recruté des guerriers. (BENECHE, 2013).

POTENTIALITÉS TOURISTIQUES DE LA COMMUNE DE PETIT-GOÂVE

 Moins de 90 minutes, c’est le temps qu’il faut en voiture, depuis la capitale pour atteindre Petit-Goâve. Cette dernière est vue aux yeux de plus d’un comme étant une ville coloniale et touristique. Fondée en 1663,  elle était la plus grande ville de la colonie de Saint Domingue puis elle est devenue sa première capitale. La commune de Petit-Goâve garde encore des vestiges anciens et des sites naturels qui renvoient indubitablement à un passé colonial.

De ce fait, l’histoire même de cette ville constitue l’une des clés majeures pour étudier ses différentes potentialités touristiques. En outre, il s’avère nécessaire de tenir compte de sa situation géographique. Elle est d’ailleurs une ville côtière. In fine, on peut dire que c’est le couplage passé historique/situation géographique qui va nous faciliter la tâche d’analyse de potentialités touristiques de Petit-Goâve.

La plage Cocoyer Beach à Petit-Goâve 📸 Cossy Roosevelt Challenges

 D’entrée de jeu, nous apparaît-il important de rappeler que la commune de Petit-Goâve regorge de sites touristiques cruciaux, de patrimoines matériels et immatériels importants entre autres : le Fort Liberté, le Fort Royal, le Fort du port, le Fort Gary, l’Étang Durissy, la place de Bon Repos, la première église catholique du pays, en passant par ses palmiers, sa jeunesse, ses mystères anciens etc. ainsi que de nombreux sites naturels dont la plage de Bananier et de Cocoyer Beach.

Ces deux plages, pour reprendre, Ritzamarum ZETRENNE font sans nul doute partie des plus belles plages du pays. Elles sont parées d’un paysage naturel et s’installent comme des perles sur la côte qui vous feront vite oublier les vicissitudes de la vie. Ces deux plages représentent un réservoir de vie, ce sont des lieux où le bonheur est palpable. Sa magnifique baie n’offrant qu’un cadre enchanteur où ses visiteurs peuvent se retrouver. Donc, la commune de Petit-Goâve garde encore le charme discret de ses après-midi sans fin, pour reprendre Dominique Batraville.

A côté de cette première manche de potentialités touristiques que possède la commune s’ajoutent ses gigantesques traditions socioculturelles. C’est-à-dire, une ville qui s’adonne aux choses de l’esprit. Une ville qui a donné naissance à des artistes et intellectuels de premier plan comme la mère de la Liberté de presse haïtienne à savoir l’éminente Journaliste Lilianne Pierre Paul, le Prof. Hubert De Ronceray, le musicien légendaire Issa El Saieh, le feu Maurice David etc.

C’est avec une rare fierté que les Petit-goâviens peuvent parler de leur cité qui a donné naissance également au dernier Empereur d’Haïti, couronné sous le nom de Faustin 1er, et à l’académicien Dany Laferrière, au peintre Wilson Bigaud, au peintre O. Hermantin, à l’ancien Archevêque de Port-au-Prince , Mgr. Guire Poulard etc. La ville héberge encore le mausolée de l’Empereur et le tombeau de sa femme à savoir Adelina Soulouque, les Vestiges de Calvaire, un édifice daté du temps de la colonie.

Le tracé de la ville, ses constructions anciennes, faites de briques et/ou de bois(gingerbread) rendent indubitablement visible son attraction touristique. Il convient également de souligner que la commune est en partie côtière. Elle est portuaire également, c’est-à -dire, dotée d’un port qui pourrait bien faciliter l’arrivée des touristes et leurs effets par voie maritime. Et en partie montagneuse, fréquemment très haute allant jusqu’au 65 m d’altitude. Cela ne fait que permettre à la commune d’offrir à ses visiteurs une très large vue de la ville et surtout du littoral.

Ses visiteurs songeraient énormément à ses événements particuliers: Le marathon du livre organisé chaque fin d’année; Vialet sou bekàn, une initiative du GRASCREH dans la première section communale; les fameux « Mòn kontre », cette merveille naturelle qui relie deux sections communales de Petit-Goâve, 5ème et 6ème. C’est un trésor de la nature qui offre un cadre pittoresque extraordinaire. Une fortune méconnue, qui pourrait bien favoriser l’augmentation de l’assiette fiscale de la Mairie. 

Mòn kontre, 5e et 6e section communale de Petit-Goâve

Malheureusement, elle est négligée. L’état de la route conduisant à cette merveille traduit cet abandon. Petit-Goâve conserve encore écrit D. Batraville des lieux sacrés( temples vodou, lakou, grottes, montagnes mystérieuses). Cela constitue sans conteste un potentiel majeur pour le développement du tourisme religieux.

 La cité soulouquoise compte un hôpital public et d’autres centres hospitaliers; un secteur hôtelier réputé dont RUJO Hôtel, un refuge idéal pour oublier la situation socio-économique et politique délétère du pays; le Relais de l’Empereur, une référence au cours des années 70-80. Malheureusement, aucune trace matérielle de ce dernier n’est aujourd’hui visible. Cette perte nous pousse rapidement à demander; quel est le rôle de la Mairie dans le développement touristique d’une zone ? Pourquoi un ministère du tourisme ?

Cela ne veut donc pas insinuer que nous réduisons aux Hôtels de premier rang les attractions touristiques. Au contraire. Nous pensons toujours qu’un touriste serait plus intéressé à Fort Gary, aux fameuses montagnes contrées des 5ème et 6ème sections communales de Petit-Goâve, au  Fort Jacques ou Alexandre qu’au Marriott Hôtel. Bien que nous soyons tous d’accord que le touriste doit être bien hébergé. Sur ces entrefaites, le Fort Royal Hôtel s’impose: cadre idéal ; cuisine créole et internationale; végétation tropicale et accueillante, vue sur la mer, Fort Royal Hôtel offre aux passionnés de la nature un paradis sur terre.

« Son nom éveille le souvenir de la forteresse «Fort Royal », dont les vestiges existent encore et qui a été le théâtre de biens des combats pour défendre la stratégique région de Petit-Goâve, alors pré-capitale de la colonie de St. Domingue ». (Flashhaiti.com).

Inauguration de D-Club, un club sur mer par le propriétaire de Fort Royal Hôtel, en août de l’année dernière constitue un plus pour le secteur. 

Le D-Club à Petit-Goâve

À cette question, hôtel Villa Ban-Yen à Vallue tente de répondre: un endroit paradisiaque sous les hauteurs de la douzième section, un hôtel d’écotourisme couvert d’une végétation sans pareille. 

La commune de Petit-Goâve a deux Lycées ; Roseline Vaval à Vialet (1ère section) et Faustin Soulouque au centre-ville. Ce dernier, selon l’histoire orale, serait le plus grand de la Caraïbe. La commune a taillé une réputation jusqu’ici jamais égalée en ce qui a trait à la production de « Douce Makòs ». C’est même une identité petit-goâvienne. Des éléments culturels qui attirent de nombreux touristes(J. DEROZIN, 2013).

     Petit-Goâve est très répandue dans l’histoire nationale. Et cela peut fidèlement être expliqué par son passé colonial ( déjà traité plus haut). Et l’anecdote du Tamarinier, cet arbre historico-mystique en est un bon témoignage ; à la rue Geffrard sous un Tamarinier, l’histoire fait croire que c’est sur ce site que Dessalines, en provenance des Cayes, s’adressant au Colonel Lamarre aurait prononcé ces mots célèbres : « après tout ce que je viens de faire dans le sud, si les citoyens ne se soulèvent pas, c’est qu’ils ne sont pas des hommes ».

     Parler de Petit-Goâve, c’est donc restituer implicitement et explicitement une tranche de notre passé colonial-esclavagiste. Ainsi, pour paraphraser J.W. DELVA doit-on convenir que la cité soulouquoise réunit un ensemble de patrimoines matériels et immatériels capable de faire d’elle une destination touristique confirmée ?

     En somme, il importe d’admettre qu’aucune chose n’existe sans son contraire. De ce fait, hormis ces potentialités touristiques de la commune de Petit-Goâve, qui ont conduit à l’économiste Kesner Pharel de conclure, lors de sa visite dans la commune, le 26 février 2014 qu’elle est le « bijou caché du tourisme en Haïti », elle nourrit également tout une multitude de faiblesses pouvant influer négativement au développement touristique dans la zone.

FAIBLESSES TOURISTIQUES DE LA COMMUNE

     Mieux pourvue de potentialités touristiques, la commune de Petit-Goâve nourrit encore de nombreux freins au développement du tourisme. Débutons d’abord par la méconnaissance de la commune. Elle est méconnue et très mal vendue. Cela constitue déjà de sensibles freins à l’émergence du tourisme dans la zone. Ce fait résulte du peu d’espace alloué à la promotion du tourisme dans la ville. Là, il faut remettre en question le rôle de la Mairie qui devrait pouvoir concevoir des cellules de communication répondant à cette exigence. Il faut également tacler le ministère du tourisme qui n’a rien fait pour la résolution de ce problème. Et il faut finalement demander; quel est le rôle des médias de masses à Petit-Goâve?

     Aujourd’hui, le littoral petit-goâvien est abandonné, maltraité. Il est même devenu une peau de chagrin. Sinon, les plus pauvres qui l’occupent. La ville souffre d’une sérieuse politique d’aménagement du littoral. Avec la montée du phénomène de l’exode rural, la ville se trouve dans l’impasse d’offrir à ses visiteurs assez de garanties notamment sur le plan hygiénique et sécuritaire. Et la bidonvilisation est à éviter. 

Un autre facteur de faiblesse touristique dans la cité du Colonel Lamarre est la mauvaise considération des artistes qui pourrait bien contribuer au développement du tourisme dans la commune. Ils pourraient mieux vendre la commune, chanter ses potentialités touristiques et autres. A Petit-Goâve, beaucoup de jeunes s’efforcent de produire. Cependant ils sont méconnus (H.H. SILMÉ, 2013). C’est-à-dire, on assiste à un mutisme total de politique d’encadrement pour les aider à émanciper. L’absence d’un musée pour archiver et donc pérenniser les images passées met à nu le manque de vision des dirigeants. Or, de grands investissements se font dans des rassemblements politiques et dans des champignons, des boîtes de nuit et des bordels (J.W. DELVA, 2013).

 L’insécurité galopante dans la commune notamment sur le littoral et les routes principales est à combattre. Car, elle constitue sans doute un véritable obstacle au progrès touristique de la commune. « Des médecins et infirmières américains de l’Université de Californie qui ont fourni une semaine de soins gratuits à des femmes haïtiennes dans la ville de Petit-Goâve ont été agressés sur une plage(Cocoyer Beach) par des habitants d’une localité de la ville a appris Haïti Press Network ». Nous ne nous attendons pas à cet accueil a martelé le docteur David, chef de la délégation. Ce type d’incident ne fera que repousser les touristes mais ternir l’image de Petit-Goâve et celle d’Haïti en général.

PISTES DE DÉVELOPPEMENT TOURISTIQUE DE PETIT-GOÂVE

  Il est sans conteste admis que l’un des moyens les plus efficaces pouvant concourir au développement du tourisme en général est une véritable politique touristique. Cette dernière n’est pas encore prioritaire dans le pays notamment à Petit-Goâve. Donc, tout projet de progrès touristique de la cité soulouquoise doit passer par l’implémentation d’une pareille politique. Laquelle politique consistera sommairement à aménager les aires touristiques; à explorer certains sites historiques de la commune; à aménager la plage publique de Bon repos (Embarcadère…); à améliorer les infrastructures menant vers des plages de grande renommée comme Cocoyer et Bananier(Rénovation) et celle reliant la commune de Petit-Goâve au département du Sud-est facilitant l’accès à Jacmel; à agrandir l’accueil hôtelier dans la commune et envisager des petits Guess housse dans les zones reculées notamment dans les parages de “ Pon kontre”.

Certes, il faut que toutes ces préoccupations figurent parmi les plus grands soucis des autorités concernées. Certes, il faut que le tourisme soit un axe prioritaire à la Mairie. Néanmoins, il faut également une prise de conscience collective pouvant conduire à une stabilité politique dans la commune, répandue comme foyer de bouleversement de toute sorte. Et cela ne doit pas exclusivement tomber dans le giron de l’État. Le privé a aussi sa partition. Ainsi cela va largement participer à la vie économique de la commune. Car, il serait créateur d’innombrables emplois directs et indirects. Donc, le tourisme est non seulement une activité de satisfaction de plaisirs et de loisirs (pour le touriste) mais, il est aussi une activité de satisfaction économique (pour le pays d’accueil).

CONCLUSION

 En guise de conclusion, nous tenons à rappeler que notre travail consiste à étudier Petit-Goâve comme une richesse touristique négligée. Autrement et mieux dit, à présenter la sociographie de la commune puis à analyser ses potentialités et faiblesses touristiques et à proposer quelques pistes de son développement touristique. En dépit de toute analyse précédemment établie, il nous semble facile de voir en la cité de Lamarre, l’exemple typique pouvant réaliser un tel travail de recherche. C’est-à-dire, elle a confirmé notre objectif de départ montrant Petit-Goâve comme un trésor touristique mal vendu.

Donc, elle nous a permis de comprendre, sans ambages, que la commune de Jean René Jérôme occuperait une place considérable, même dominante dans la vie socio-touristique du pays. Petit-Goâve, première capitale coloniale de Saint Domingue, située non loin de la capitale du pays(68 km) a, malgré certains points à corriger (déjà traités via nos recommandations), des potentiels touristiques considérables comme en témoignent ses patrimoines matériels et immatériels, ses plages, son littoral, son passé colonial, sa position géographique, son originale « dous makòs », ses plantes à valeurs médicinales qui pourraient bien favoriser le développement de l’agrotourisme, sa culture. La ville attend chaque mois d’août, soutient Dominique Batraville, sa transfiguration, fête de la Notre-Dame de l’Assomption, vécue toujours dans l’exaltation. Cette dernière attire en général plus d’étrangers que de locaux. Que faut-il alors conclure ? 

 Toutefois, la commune fait face également à une pléiade de problèmes qui révèlent des freins aux progrès touristiques dans la commune. Comme la négligence du littoral petit-goâvien; l’urbanisation spontanée – faite souvent de constructions anarchiques, hors normes pouvant avoir de sérieuses conséquences sur le milieu naturel – des activités(comme le recyclage de matériaux et/ou de produits usagés, fabrication des matériels de service sur les trottoirs et autres) qui se réalisent en marge de l’économie formelle témoignent certes d’une forme de créativité, mais de débrouillardise indéniable. Cette dernière génère un déficit d’image à la ville.

En outre, il s’avère nécessaire de rappeler que l’absence de l’État central est en grande pompe. Ce qui sous-entend que les gens sont livrés à un sauve-qui-peut avilissant. Encore une autre entrave en termes de développement touristique. Ainsi, doit-on convenir que le développement du tourisme dans la commune de Petit-Goâve attend exclusivement une politique touristique publique ? Dès lors, le tourisme à Petit-Goâve ne serait-il pas très compétitif ? Si le développement du tourisme dans la cité soulouquoise attend seulement une velléité des autorités, n’est-il pas une richesse confirmée: mais méconnue et/ou négligée ? Doit-on noter que cette avalanche d’interrogations peut faire l’objet d’un autre débat?

 Références bibliographiques

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