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Poète brasseur, percer la voix du silence 

Poeète Brasseur ©️ Inga Kundzina

Il s’agit pour le poète brasseur de sortir la poésie de son lit paisible pour tenter de dévoiler ses mystères mélodieux. Chaque morceau est libéré du phrasé poétique ambiant, loin de tout cliché déclamatoire. 

Titré « Dé-écrire », le dernier EP (extended play) de Poète brasseur comporte quatre morceaux en français et deux en créole. D’une portée poétique incisive, ces six titres mettent l’accent sur le texte comme porteur de pré-sonorités, en parfaite symbiose avec des couleurs musicales d’influences métissées : Blues, Rock, Rap acoustique, Valse blues, Bossa nova, musique expérimentale ; avec une touche jazz sur certains passages. Le poète brasseur a réalisé cet EP en collaboration avec le compositeur français Zoran Vasilic. Un mini-album remarquable qui met en avant la poésie, l’humanité, l’amour, et le silence du monde. Un véritable plaisir esthétique. 

Il s’agit pour le poète brasseur de sortir la poésie de son lit paisible pour tenter de dévoiler ses mystères mélodieux. Chaque morceau est libéré du phrasé poétique ambiant, loin de tout cliché déclamatoire.  

Dans cet EP, la poésie ainsi que la musique portent un regard critique sur les grands défis du monde moderne en matière d’humanité, d’équité, de vivre-ensemble et de justice. Tout en proposant un dépassement du réel, à travers un langage poético-musical éveillé, des morceaux comme « Soleil complice », « Zile san zèl », « Page blanche » donnent à voir les horreurs de la guerre, la violence urbaine, les inégalités criantes, l’indifférence à l’égard des plus faibles. Ici, le Poète Brasseur, à travers son chant intime porté par la force musicale de Zoran Vasilic, se veut éclaireur des cœurs.  

Prière, Poète Brasseur

« Cet EP arrive à cette période de ma vie où je ressens le besoin de me déployer, d’exister plus fortement, en adéquation avec la lueur intrinsèque que procurent la poésie et la musique. Sans pour autant délaisser mon métier de comédien ni celui de metteur en scène, j’entre d’emblée au cœur de ce moment crucial où il m’importe de raconter des tranches d’histoire basculées à tort dans l’indifférence ; la vie de ceux qui traversent la nuit en plein désespoir. J’en sais quelque chose, en tant qu’Haïtien. A travers ma poésie-musique, j’arrive à m’indigner et à prétendre encore à cette ultime capacité à rester humain. Dé-écrire, c’est refuser le conformisme dans l’étendue de sa perversion. C’est, pour paraphraser René Char, convoquer cette partie de moi-même réfractaire aux projets calculés. C’est tout un rêve qui, par sa concrétisation, me permettra de me réinventer dans mon propre lieu ; ce vrai lieu fait d’usure, de larmes, de fétiches douleurs, mais aussi et surtout d’espoir, de liberté », déclare le poète à la rédaction de Palmes Magazine. 

Emmanuel Vilsaint, surnommé Poète Brasseur, est né à Port-au-Prince. En 2005, il entre à la faculté des lettres de l’Université Sorbonne Paris Nord avant de poursuivre sa formation théâtrale au Conservatoire d’art dramatique Erik Satie sous la direction de Daniel Berlioux. À l’Université Paris VIII, il est diplômé d’un Master en Arts de la scène et du spectacle vivant.

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