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Rachel Price Vorbe, le choix d’écrire est un acte qui entraîne une profonde solitude

Lauréate de la 47è édition du prix Deschamps pour son roman « Le pont à deux temps », Rachel Price Vorbe est critique littéraire de formation, elle a déjà publié « Initiation à la littérature haïtienne contemporaine », « Cet homme, mon père » (Correct Pro 2021) et «Romanez, l’enfant du pays » (Éditions du CIDIHCA, 2018). Palmes Magazine est allé à la rencontre de la lauréate du plus grand prix littéraire du pays. Dans cette interview, elle nous raconte ses débuts et son rapport à la littérature. La lauréate a un rapport monde à la littérature, un rapport d’humanité. Interview.  

Vous venez de recevoir le prix Deschamps pour votre roman (Le pont à deux temps) comment vous vivez ce moment ?  

Je suis encore sur un petit nuage, sans trop me prendre la tête. Je suis heureuse de ce prix. C’est une merveilleuse récompense pour tout auteur et pour moi en particulier qui fait ses débuts dans la littérature haïtienne, et c’est formidable d’être reconnue par ses compatriotes. Ce prix m’interdit de m’arrêter au chemin.  

Qu’est-ce qui vous a amené vers la littérature ?  

Mon père m’a fait découvrir le pouvoir des mots, d’abord en me forçant à lire ma première revue de l’Express Magazine à l’âge de 9 ans. Et ensuite à écrire pour raconter mes vacances, mes journées et surtout mes impressions sur tout ce que je lisais. Pour moi, écrire n’est pas juste une passion, c’est un besoin au quotidien. Il m’arrive d’écrire des bouts de phrases. Bien qu’accolées l’une à l’autre, elles ne font aucun sens. Mais j’écris en me disant que la prochaine fois viendra au moment opportun.  

Qui sont vos auteurs préférés ?  

Je ne peux pas dire que j’ai des auteurs préférés. Je lis tout. Mais j’aime particulièrement le style d’écriture de Marie-Célie Agnant, de Louis Philippe Dalembert, d’Evelyne Trouillot, d’Amin Maalouf, de David Foenkinos, de Claude Ribbe. Petite, j’aimais Enid Blyton, Comtesse de Ségur, ensuite j’ai aimé Guy des Cars, Sir Conan Doyle, Barbara Cartland, Delly. Puis j’ai découvert Jeannine Boissard et je n’ai plus lu Danielle Steel. Ma liste peut être trop longue…  

Jean Paul Sartre avait été pris en otage, lui qui prenait sa plume pour une épée pendant toute sa vie, jusqu’il (se) posait cette question pertinente : « que peut la littérature face à un enfant qui meurt de faim ? » En ce temps de crise sociale et d’incertitude, que peut nous servir la littérature ?  

Comme Jean Paul Sartre, et tous les autres avant et après lui, si la littérature existe et qu’elle a un pouvoir, et si elle a un pouvoir c’est qu’elle offre à ceux qui l’utilisent un outil ou un moyen pour tout exprimer, tout dénoncer, tout conjurer. L’inclure dans son quotidien, c’est trouver le temps pour repenser sa vie, son passé mais surtout le futur. Je pense aussi qu’en ce temps de crise, lire et écrire permettront de s’évader comme aussi grandir.  

Avez-vous un message pour les jeunes écrivains haïtiens ? 

Je ne pense pas qu’on peut laisser un message aux écrivains, puisqu’ils font ce qu’ils savent faire de mieux. Mais je pense qu’ils doivent continuellement s’accrocher et être opiniâtres, entêtés, et tenaces. Le choix d’écrire est un acte qui entraîne une profonde solitude, car on est toujours seul avec ses pensées.

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