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Samuel Clermont, le théâtre comme arme de combat

Le dramaturge Samuel Clermont

Pour Samuel Clermont, le théâtre représente une arme pour dénoncer les dérives de la société, notamment des autorités étatiques. 

Tout a commencé en 2011 lorsque Samuel Clermont s’est décidé de monter sur les planches avec « Twoup papa pipo ». À l’époque, il ne savait pas grand-chose dans ce domaine. Mais cela ne l’ a pas empêché d’écrire son premier texte dramaturgique en 2013 avec la Production des arts d’Haïti (PADH). Le mariage entre le jeune homme de Petit-Goâve et le théâtre est consommé. Et s’il fait ce métier, c’est avant tout par pure passion. « J’aime l’art, les choses de l’esprit, je crois que c’est la seule raison », répond-il quand on lui demande pourquoi il fait du théâtre. 

À Port-au-Prince, le natif de Petit-Goâve va suivre pour la première fois des formations au théâtre. En 2018, il se lance dans la poésie avec la publication de son texte Vavari chez les éditions Floraison. Deux ans plus tard, il publie Wondon-Mo. Puis, il enchaîne des expériences d’écriture avec des structures comme Tanbou literè, Des fleurs et des poèmes, etc. 

Samuel Clermont va écrire et mettre en scène le texte « Mò rèd » en 2022.  Dans cette pièce, il décrit l’irréversibilité de la mort et ses différentes conceptions ici et ailleurs. Auparavant, il a écrit « Trayizon sou tè libète » à la suite du tremblement de terre de 2010. Ce texte a voulu mettre à nu ceux qu’il appelle les artisans des malheurs de ce pays. Ceux-là qui ont tout fait pour que les Haïtiens se sentent comme des étrangers dans leur pays. « Ce sont les autorités étatiques qui planifient nos misères. Alors, c’est pourquoi j’avais fait de cette pièce un miroir pour nous regarder en face », explique le jeune dramaturge.

Le poète petit-goâvien fait partie de cette génération qui croit que l’art peut redonner vie et espoir. Le théâtre lui permet de tenir face à l’adversité. C’est son arme de combat. Sa toile pour peindre les couleurs d’Haïti. Son porte-voix pour inviter les Haïtiens à renouer avec leur identité. « Je fais du théâtre d’une façon à aider les gens à comprendre ce qu’ils ignorent, ce qu’ils ne veulent pas dire…je fais du théâtre pour apprendre à exister en dehors de moi-même », explique Clermont.

Le jeune dramaturge originaire de la cité soulouquoise croit que le théâtre occupe une place importante dans une société. Cependant, il déplore qu’en Haïti cet art est souvent négligé. « Il existe un petit nombre réduit d’écoles de théâtre. Pas de salle de spectacle à l’exception de celle, peu fréquentée, se trouvant sur le campus de Limonade dans le département du Nord. À cela s’ajoute le climat de violence instauré par les gangs armés qui empêchent les acteurs d’exercer leur métier », dénonce-t-il.

Pourtant, il n’a jamais pensé à renoncer. « L’art est quelque chose qui permet à celui qui l’utilise de devenir dieu. Sur ce, je n’ai jamais eu l’intention d’abandonner. Quand ça va mal, je lis un texte, je fais de la poésie, j’écoute de la musique…je parle à une personne que j’aime et là, la vie devient une toile d’araignée exposée au soleil », dit le dramaturge. 

Samuel Clermont fait partie des trois lauréats des résidences Par 4 chemins, lancées par l’association Quatre chemins en amont au festival Quatre chemins dont la 20e édition débutera le 20 novembre prochain à Port-au-Prince. 

Son projet, « Grafouyen » constitue une réponse artistique à travers le théâtre, face au déclin des traditions du pays. C’est une comédie musicale qui mélange poésie, danse et chants qui invite au rappel des valeurs culturelles du pays. « C’est une forme de théâtre engagé qui tourne autour du vodou tantôt avec le choix des instruments tantôt avec l’utilisation des “chante lakou” », explique Samuel Clermont. 

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