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À Gressier, les plages paient le prix fort du « peyi lòk »

Plusieurs plages de la commune de Gressier sont au bord du gouffre depuis le début du « peyi lòk ».

Aujourd’hui, avec la crise socio-politique et économique que connaît le pays, les activités sont totalement paralysées au bord de la mer de Gressier. Depuis près de trois mois, personne ne se pointe à l’une des plages de cette commune de la région des Palmes pour venir se détendre. Enorme coup dur pour les entrepreneurs de ce secteur. Soleil Antillais, Sunny Bel, Venissia Bellisimo, Chalè tropical, Jet Set, Passion Beach, Carina Beach, Louise Beach, Yòd a Gogo Beach, Nenel Beach sont entre autres des plages gravement touchées par la situation chaotique du pays. Certaines ont même été fermées.

Nous sommes le mardi 19 novembre 2019. Sunny Bel et Venissia Bellisimo peinent à réouvrir leurs portes pour profiter du calme qui s’abat sur la commune après la journée de mobilisation de la veille pendant que Chalè tropical reste encore fermé. À l’unanime, les responsables ont les mêmes inquiétudes. « Les plages sont quasiment vides depuis septembre. Nous n’avons aucune réservation, aucun client. C’est évident puisque toutes les routes ont été coupées, les gens n’ont pas d’argent, alors il.elle.s s’abstiennent du plaisir », admettent certains d’entre eux.

Les chômeur.se.s du lock

Pendant que la crise politique persiste, plusieurs employé.e.s sont aux abois. Il.elle.s sont soit révoqué.e.s , soit mis en disponibilité. Trois employé.e.s de Soleil Antillais, cinq de Sunny Bel, deux de Jet Set , trois de Nenel Beach sont mis en disponibilité et trois de compassion beach ont été renvoyé.e.s. Les plages font de la compression. Une situation que fait face presque toutes les institutions du pays.

Paulgas Denizard, un responsable de Soleil Antillais, affirme que tout fonctionnait comme sur des roulettes à cette plage avant le « peyi lòk ». Il accueillait une quantité innombrable de personnes par semaine sur sa plage. Mais la roue tourne depuis quelques temps. Rien n’est plus comme avant. Une situation qui l’oblige, dit-il, à mettre quelques employé.e.s en disponibilité. « On a parlé à nos employé.e.s pour leur demander de rester chez eux.elles en attendant que tout redevienne comme avant. On leur a fait comprendre qu’on ne serait pas en mesure de les payer car nous n’avons plus aucune rentrée. Il.elle.s nous comprennent », raconte-t-il non sans regret.

Une situation qui n’est pas trop différente pour Sacha Junior Stuppard, administrateur de Sunny Bel qui, pour sa part, est sur le point de reprendre les activités le mardi 19 novembre. « On avait fermé la plage. Toutes les routes ont été impraticables, alors on a dû rester chez nous attendant que la circulation revienne à la normale. À présent on est là espérant que les gens vont venir », lâche ce responsable en manque d’espoir. « Quant aux employé.e.s, il.elle.s reprendront le travail une fois que l’administration aura de quoi les payer comme avant, mais pour l’instant, il.elle.s sont en disponibilité tranquillement chez eux.elles », poursuit-il

Impôts et autres obligations

Certaines plages n’ont pas à faire le choix entre révoquer et mettre en disponibilité. Elles sont pour la plupart gérées en famille, ce qui facilite la tâche à quelques-uns des responsables. C’est le cas de Yòd a Gogo dont les gérant.e.s se disent tou.te.s conscient.e.s de la crise. « Nous traversons une période de vache maigre, nous comprenons la situation donc on se résigne », a martelé ce responsable assis autour d’une table de domino sur la plage.

Pendant la crise, ceux.celles qui n’ont pas été révoqué.e.s ou mis.es en disponibilité ne perçoivent pas un salaire comme tel. Ce qui semble être normal pour Manoucheka Simbert, responsable de compassion beach. « Puisqu’il n’y a aucun client, les hôtels ne sont pas fréquentés, les bar-restaurants sont fermés, donc la plage ne rentre plus d’argent pour qu’on puisse faire le paiement, alors on ne nous pait pas convenablement », informe-t-elle. Toutefois, elle affirme être aidée par le propriétaire, qui vit à l’étranger, parce qu’il.elle.s sont de la même famille.

En dépit de tout cela, n’en déplaise à leur débacle économique causée par la crise, tôt ou tard, il.elle.s devront s’acquitter de leur redevance envers les autorités locales. « On doit payer nos impots à la DGI, les factures de l’EDH, etc. C’est inévitable », a lâché Sonson, un responsable de Jet Set.

Des portes à demi fermées

Certaines plages gardent leurs portes ouvertes en période de « lock » dans l’espoir que quelqu’un se pointe au bon moment. Une tentative illusoire vu la conjoncture. Mais ce n’est pas trop compliqué vu que les responsables de ces plages habitent pour la plupart la commune. Pour Simbert Manoucheka, la plage représente une sorte d’échappatoire pour elle. D’ailleurs, dit-elle, elle n’a pas mieux à faire à la maison. « Je suis toujours là chaque matin pour faire le nécessaire : ouvrir la barrière, balayer, faire les lits, etc., a-t-elle avoué d’une voix sombre.

Ces responsables montrent à tou.te.s qu’il.elle.s sont là pour offrir les mêmes services (plage, piscine, hôtel, bar-restaurant), au même prix que d’habitude, tout en clignotant les yeux à de nouveaux.lles venu.e.s qui veulent se payer un petit moment de relaxation. « Il est vrai qu’on ne reçoit aucune visite depuis quelques temps, mais on se fait l’obligation d’être présent, d’être au poste dans la mesure du possible pour faire savoir, à tou.te.s ceux.celles qui roulent sur la route nationale #2 (RN2) qu’on est encore là », a confié plusieurs d’entre eux.elles.

Selon les témoignages de la majorité des responsables qu’on a pu approcher, il.elle.s sont souvent présent.e.s sur la plage, surtout quand les routes ne sont pas barricadées pour ceux.celles qui viennent de loin, comme si tout se déroulait à merveille. Ces gens qui n’ont que leurs plages pour gagne-pain craignent de ne pas avoir à fermer leurs portes définitivement si la crise perdure dans le pays.

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