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À la rencontre de Ricardo Boucher, jeune poète militant

Ricardo Boucher

Éducateur populaire et militant, Ricardo Boucher est ce jeune qui s’engage dans un combat inlassable pour les choses auxquelles il croit. Il utilise ses vers comme tuyau pour répandre ses flux de revendications. Sa poésie est en ce sens une poésie populaire. Une forme de poésie qui ne peut plaire à tous. Une poésie qui appartient non seulement à tout le monde, comme il l’affirme, mais aussi qui joue un rôle prépondérant dans le changement. À travers le langage, le jeu des mots, Ricardo Boucher se positionne. Palmes Magazine a eu le plaisir d’échanger avec le poète contributeur de la revue Davertige, une revue publiée en hommage au grand poète haïtien Davertige (Villard Denis).

Mon visagenCe n’est pas mon passeport nMais plutôt une pancartenPorteuse de toutes mes revendications légitimes nDans la plus haute saison de colèren

Ricardo Boucher Extrait de Le peuple La poésie La révolution

Palmes Magazine: Voulez-vous bien vous présenter en quelques mots ?

Ricardo Boucher: Par socialisation, on m’appelle Ricardo Boucher.

Je suis éducateur populaire, et militant de l’organisation progressiste révolutionnaire Mouvement de liberté, d’égalité des Haïtiens pour la fraternité (MOLEGHAF).

Être éducateur populaire et militant, surtout en Haïti, peut être un vrai défi. Comment Ricardo Boucher s’en sort-il ?

J’essaie de me battre au quotidien pour rester fidèle à mes convictions. Lorsque tu as une certaine conscience de la réalité, et que tu poses des actions qui peuvent amener à une transformation, on te voit comme quelqu’un qui ne comprend rien, vraiment rien de rien. Parce que la formule, tu as comme l’impression c’est d’essayer de s’en sortir tout seul, et les autres, qu’ils crèvent entre eux.

Et la poésie dans tout ça, est-elle pour vous une façon d’expérimenter la réalité ou d’exposer vos convictions ? Qu’est-ce qu’elle représente pour vous en fait ?

Comme l’a dit Pablo Neruda : Nous les poètes, nous avons tous le droit d’être heureux à condition que nous ne fassions qu’un avec nos peuples dans leur combat pour le bonheur. Pour moi, la poésie c’est comme : “ Ils ne me donnent pas une seule rose tant que je peux la sentir, alors je cueille dans mon propre jardin.” Un poète, un vrai poète est condamné à dire les choses, à vivre le réel, à prendre parti.

De quelle sorte de poésie vivez-vous ? Face au contexte actuel du pays, quelle place peut prendre cette poésie ?

Dans ce qu’on est en train de vivre actuellement, il n’y a que la poésie porteuse d’une cause commune qui me fait vivre, c’est-à-dire la poésie de certains poètes comme Nazim Hikmet, Georges Castera, Jacques Roumain, René Depestre, Mahmoud Darwich, Vladimir Maiakovski, MARIE Célie-Agnant, Jacques Stéphen Alexis, Évelyne Trouillot entre autres.

Dix livres de terre humaine nSur la poitrine des travailleurs nPour leurs forces appropriées nA la beauté du peuple souverain.n

Ricardo Boucher Extrait de Lendemain

À quel moment avez-vous découvert que la poésie pouvait être votre arme de combat ?

J’ai rencontré la poésie dans les marchés publics, dans le parler populaire, et cela a toujours été mon arme de combat ou non. Si je n’étais pas poète comme on dit, je serais rappeur, d’une manière ou d’une autre je ferais de la poésie.

Du coup en dehors de la poésie, n’avez-vous pas eu d’autres rêves ? Un rêve d’enfant par exemple ?

J’ai tué mes rêves d’enfant, il y a dix ans. Parce que surtout c’était largement impossible de les voir réellement. Désormais, je ne rêve plus. J’accomplis.

Avez-vous un poème préféré, si oui lequel ?

Je n’ai pas de poème préféré, j’aime tous les poèmes. En vrai, j’aime tout ce qui est poésie.

Pourriez-vous nous parler un peu de vos projets en cours ?

À présent je suis présentateur d’une émission de poésie qui s’intitule : La poésie, la poésie, la poésie sur KITMÉDIAS. Je suis aussi boursier cette année dans le cadre des résidences initiées par Quatre Chemins, où je vais animer des ateliers de poésie à la prison civile des femmes de Cabaret, pour les femmes prisonnières qui débutera en septembre.

Qu’aimeriez-vous dire aux jeunes qui veulent emprunter le chemin de la poésie militante ?

Je dirais comme Léo Ferré : les plus beaux chants sont les chants de revendications. Le vers doit faire l’amour dans la tête des populations. À l’école de poésie, on n’apprend pas, on se bat.

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