Palmes Magazine
Le portail de la région des palmes

André Fouad, toucher le cœur de l’humain 

Dans son dernier recueil, André Fouad nous propose une quarantaine de poèmes aux tons aussi virulents que rêveurs.

La poésie d’André Fouad est une poésie engagée. Le poète utilise la puissance de son verbe pour dénoncer les inégalités sociales. Une plume sensible. Des images fortes qui nous frappent tel un orage. Sa poésie sert à toucher le cœur de l’humain. Porteur d’un message fraternel et d’amour, la littérature d’André Fouad nous touche et nous sert de guide pour aller à la rencontre de l’autre.  

 La migration, le vodou, l’amour, la misère sont les thèmes du livre. C’est aussi une poésie qui rêve des matins de merveilles. Qui croit dans un monde d’amour, en voulant toucher le cœur de l’homme. C’est aussi un hommage aux artistes, à la littérature et aux femmes. Ce poème dédié à la diva de la musique haïtienne, Emeline Michel est un régal pour l’esprit. Comment dire l’autre qu’on l’aime avec des gestes poétiques ?  « Choublak yo di w bonjou/Lèw louvri bra w bay papiyon/Chante w bay zèl/wouze kat kalfou kat sezon/ou file grandouw/ van nòde pa fè w toudi laviwonn limanite/sezon lanmou kouve/la jwann alenfinipa/pa pòt kè m/ret toupiti ap tann ou/rèn chantrèl rèn solèy/menmen ale kote w rete/mennenm kotew rete w reve » 

Cet « homme aux semelles du vent », pour paraphraser Verlaine, nous offre une poésie avec des images qui captivent, nous font sentir avoir les pieds sur terre, et nous dépose sur le lit de la réalité du pays, tout en rendant hommage à son enfance, ses racines ancestrales. «latibonit o ! latibonit o !/masan bade legliz senchal ak grafiti san/latibonit o ! latibonit o !/jwèt kach kach/solèy degoude sanl/tik tòk/latibonit o ! latibonit o !/vil yo ap senyen.»  

Une poésie qui assiste en larmes le triste spectacle de la vie à Port-au-Prince. Des chants lui suffisent pour voir son ars poetica de révolte, et qui a l’esthétique et l’engagement pour fidèles compagnons. Il est debout entre les pages, avec sa guitare, il dresse Port-au-Prince avec ses paroles. Dire son amour pour cette ville malade, dans un poème titré « Tololo » : « pòtoprens tololo!pòtoprens cheri !pòtoprens tololo/kite m wouze foli w/ak chak grenn lapli sezon prentan/kite m limen son ou/ak chak koulè nich zetwal beni/ma chante tololo !tololo/jouk mwen jwenn yon lòt kantik/ma jete 3 gout dlo/mèsi zanj tè a mèsi zanj dlo/poum ka wè fas limyè ou/ma va fè lago ak ou/pòtoprens cheri/pòtoprens tololo/chad goud ou se yon rèl marasa/rèn solèy chantrèl mennenm ale kote w rete/rèn solèy mennenm ale/vil pòtoprens/vil pa m/ vil pa m  pòtoprens cheri/pòtoprens tololo »  

Chez Fouad, c’est une poésie au poing fermé marquée par l’espérance. D’un dosage à la Philoctète, il salit l’encre bleue de ses rêves. Mais, l’amour, l’érotisme sont toujours présents. « Y’a plus de blues/sous mes lampadaires de mai/y’a plus d’abandon/dans ville pop/avalanche de graffitis/moitié nue moitie folie/nuit en tenue de mariée/ta musique me chatouille encore/je fume le calumet de l’amour/comme un fou/au rythme de tes pas d’oiseaux de nuit/de tes fantasmes de papillons d’été/ma renaissance aux mille couleurs.» Et aussi l’errance.  

Le poète, on le sait, avec sa verve qui ne tarit pas, chante la femme aussi que la douleur oblique, pleine de souvenirs trouée de mélancolies « pousyè pye w kite/yon latriye souvni wounou wounou/mak dan nyaj/toutouni/nan ri koub mezanmi/Doub sis mouri/nan jipon madan kolo »  

Dans mélodies des mots et autres poèmes, dans une intensité rare, l’amour est affirmé, martelé et aussi dessiné dans des contours sentimentaux avec une langue saisissante et poignante.

Ailleurs sur le web

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.

commentaires
Loading...