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Berline Jean Philippe, l’infirmière qui s’oublie pour donner la vie

Berline Jean Philippe

Berline Jean Philippe est cette infirmière héroïque qui a fait parler d’elle cette semaine sur les réseaux sociaux. En effet, cette Jérémienne a pu sauver la vie d’une mère et celle du bébé qu’elle portait alors que la terre tremblait sous leurs pieds. À travers une photo qui circulait sur la toile le samedi 14 août, on pouvait voir l’infirmière faire ses manœuvres magistrales tandis que la dame enceinte était allongée dans une voiture en présence d’une foule.

Depuis toute jeune, Berline Jean Philippe savait déjà qu’elle était faite pour les soins infirmiers. Elle n’arrêtait d’annoncer à ses camarades de classe qu’elle nourrit l’idée de devenir infirmière. Aider ceux qui sont en difficulté est l’une de ses plus belles qualités. Toujours prête à secourir, selon Berline ce métier est tout ce qu’il y a de noble et de propre.

La maternité a toujours été son champ de prédilection. En dépit des nombreux accouchements qu’elle a pu faire, celui réalisé le samedi dernier restera à jamais gravé dans sa mémoire. Cet événement a eu lieu dans la ville de Jérémie. Après tout le chamboulement causé par le séisme, alors qu’elle accourait pour apporter son aide, elle est tombée sur une femme qui était sur le point d’accoucher sur la cour de l’hôpital Saint-Antoine. La dame était en travail depuis déjà trop longtemps, le bébé s’est donc retrouvé en détresse respiratoire. Après avoir facilité l’expulsion du bébé, ce dernier n’ayant pas pleuré, elle a dû procéder tout de suite à sa réanimation en utilisant des techniques adéquates. Elle a coupé le cordon ombilical et fait un pansement, puis elle a remis le bébé à une autre infirmière qui était sur place. Elle a ensuite accompagné la mère à faire les suivis que nécessitait son cas. Dans une circonstance pareille, avec le peu de matériel qu’elle avait à sa disposition, miss Jean Philippe a gardé son sang froid et pu accoucher la dame avec succès. Elle nous décrit ce moment avec une émotion chargée de fierté et de joie, jugeant qu’elle avait fait ce qu’il fallait et à temps.

À Grogamora, dans la cité des poètes, Berline partage le toit avec sa mère, ses frères et sœurs et sa fillette de 10 ans. Elle a fait ses études primaires à l’école nationale Pressoir Jérôme, ses études secondaires au Lycée des Jeunes filles de Jérémie et sa classe terminale au Lycée Pétion de Port-au-Prince. En 2018, elle est diplômée en sciences infirmières à l’Institut Médical Hippocrate. Après son service social qui a duré 6 mois, elle a intégré l’Hôpital Saint-Antoine de Jérémie en tant que bénévole. Ça fait maintenant plus de deux ans et demie qu’elle prête son service à cette institution.

En dehors des mûrs de Saint-Antoine, la jeune femme n’a quasiment pas de vie. Cet hôpital est devenu son unique point de repère. Elle affirme ne pas avoir d’autres activités. Berline prend plaisir à donner la vie, après Dieu, comme elle le répète si bien. Elle est aussi une ferme croyante. D’ailleurs, sa foi chrétienne occupe une grande place dans sa pratique des soins infirmiers. Quand elle devait intervenir sur la dame à main nue pour faciliter l’accouchement, elle n’a pas hésité. « Je n’avais pas de gants sous la main, mais je savais que Dieu allait m’épargner du pire car je ne faisais que sauver une vie » a-t-elle déclaré. Pour la jeune femme, sauver une vie passe avant toute autre chose.

Incroyable pourtant vrai, l’infirmière, malgré ses compétences, ne gagne rien avec son métier. Deux ans et demie à faire du bénévolat, sans jamais avoir été récompensée. Même pas un petit contrat. Une situation dont elle en avait ras-le-bol, vu ses obligations financières. Ce qui l’a poussée vers d’autres horizons en mai dernier, en dépit de son amour pour les soins. Cependant, après le séisme du 14 août, son cœur d’infirmière ne pouvait pas rester indifférent. « Les victimes ont besoin de moi », a-t-elle constaté vite fait. S’absentant un peu à la maternité, l’infirmière se partage entre les urgences et le service de chirurgie de l’hôpital depuis lors. Elle s’est replongée du coup à faire ce qui la passionne pour la plus belle, mais toujours sans rémunération. 

« En milieu rural, surtout par ici, les emplois sont très difficiles. Si tu n’es pas membre d’un parti politique ou si tu ne peux pas offrir ton corps en échange d’un poste, ton diplôme ne te sert presque à rien », avance l’infirmière. Une réalité dure à entendre de la bouche d’une professionnelle compétente. « Nous sommes plusieurs à confronter ce fait, après nos quatre longues années d’études et de grands sacrifices », désole-t-elle. D’un autre côté, elle explique qu’elle ne peut pas être employée de cet hôpital où elle se donne corps et âme, à cause du fait qu’elle n’ait pas encore été licenciée. L’école qu’elle fréquentait n’étant pas encore reconnue par le MSPP, ceci a retardé son inscription aux examens officiels. Selon elle, il est préférable de faire du bénévolat entre temps que de ne rien faire du tout. De plus, c’est un bon moyen d’augmenter ses connaissances et de rester à jour. Elle dit se préparer ardemment pour bientôt passer les épreuves. Berline rêve de devenir une infirmière réputée en matière d’accouchement, et elle ne compte pas s’arrêter.

S’il y a une chose qui devrait changer à l’égard de cette profession, miss Jean n’en demande pas moins. Elle espère que les infirmiers/infirmières soient beaucoup plus encadré.es et souhaite que les cliniques et hôpitaux soient mieux équipés pour pouvoir faciliter les prises en charge. Elle poursuit pour faire comprendre qu’il n’y a pas moyen de ne pas tomber amoureux.amoureuse des soins infirmiers et encourage ceux/celles qui l’exercent à le faire d’une manière « noble et propre ».

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