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CFEF au cœur de Martissant : l’avenir hypothéqué de l’école fondamentale en Haïti

Bien qu’il existe la présence de différents corps de la police nationale à Martisssant, on marche encore sur du sang dans cette zone. La paix ne semble pas s’annoncer pour bientôt. Cette situation d’insécurité met à mal le fonctionnement des institutions qui s’y trouvent, en particulier le Centre de formation pour l’école fondamentale (CFEF).

Après la vague de revendications des protestataires de différents secteurs du pays ayant provoqué le «peyi lòk», les activités semblent se relancer de plein pied depuis le mois de décembre. La réouverture des écoles, la reprise des activités dans les marchés publics, le retour à la normale du transport en commun, etc., l’on pourrait croire que tout va bien. Tout parait fonctionner comme avant. À proprement parler, une accalmie semble demeurer sur le territoire national depuis.

Cependant, à la 5e avenue Bollosse de Martissant,  le Centre de formation pour l’école fondamentale (CFEF) se trouve dans l’impossibilité de rouvrir ses portes comme toutes les autres institutions publiques du pays. En effet, depuis ce  janvier, une situation de terreur règne à Martissant.  L’inexistence d’un climat de paix habite les rues de Martissant en particulier la 4e et la 5e avenue Bolosse. Des groupes de gangs lourdement armés investissent  ladite zone pour sévir  (tuer, voler, violer, etc.).

 « D’habitude, il y avait des tirs et on ne s’inquiétait pas trop. Après tout on est à Martissant ! Mais la semaine dernière, tout était différent. Partout il y avait des tirs, des cris de secours qui arrivent pour se mélanger dans le grand vacarme de la 5e », témoigne un étudiant du centre qui affirme avoir vite compris que c’était un affrontement sanglant qui taraudait ce grand quartier situé sur le flanc du boulevard. « Il y avait un gouffre de fumée noirâtre qui teintait les nuages du ciel. On avait très peur. Et même très peur de se faire massacrer par ces ravisseurs. On s’est caché pendant  des heures pour attendre. Mais l’accrochage n’avait pas l’air de prendre fin. Tout ce dont on  voulait, c’était de pouvoir rentrer vu l’inquiétude de nos parents, puis revenir le lendemain  pour l’école, malgré tout.  Mais qui sait quand est-ce que cette situation de terreur prendra fin? », rajoute-t-il.

Cette situation de terreur qui sévissait dans le quartier a provoqué la fuite de beaucoup de personnes qui ont dû se réfugier ailleurs. Sur les réseaux sociaux, des habitant.e.s de Cité de l’éternel appellent la PNH à l’aide, mais celle-ci ne peut pas répondre aux assauts de ces gangs, vu  les  maigres moyens dont elle dispose.

Si l’enfer de l’insécurité à Martissant contraint les riverains à avoir la fuite comme seul recours possible, il en va de même pour nombre d’étudiant.e.s, professeur.e.s et la plupart du personnel du CFEF, qui se trouve au cœur même de ces évènements.

Jusqu’à date, le CFEF joue un rôle prépondérant dans le système éducatif haïtien. En effet, il a été conçu dans le but de renforcer celui-ci. Selon l’extrait du plan National de Formation publié par le ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP), il a pour objet: l’amélioration de la qualité de l’éducation; l’expansion de l’offre scolaire; l’accroissement de l’efficacité extrême et le renforcement de l’efficacité extrême du secteur de l’éducation. Par conséquent ce centre qui, depuis 21 ans, œuvre dans la formation initiale et continue des enseignant.e.s des trois cycles de l’école fondamentale, risque de mettre un point final pour de vrai à sa mission dans la mesure où cette tendance persiste dans la zone. Cette situation qui ronge ce lieu représente une entrave pour la continuité de la formation à ce centre. Ainsi, déloger CFEF au cœur de Martissant ne devient-il pas une nécessité vitale ? Mais combien de temps passera-t-on à déloger les institutions du pays à cause de l’insécurité ? Ne devrait-on pas chercher à résoudre ce problème au plus vite ? Dans la situation actuelle, sans nul doute, il n’y a pas grand espoir pour le CFEF, et par ricochet, pour l’école fondamentale dans le pays.

Si le MENFP, dont dépend le CFEF  suivant  le décret ministériel du 10 juin 1998, refuse de sortir de son silence malgré tout, c’est-à-dire agir en conséquence, en cherchant un espace provisoire adéquat, le plus rapidement possible, pour la continuité de la formation à ce centre, il serait donc un  truisme que le ministère souhaiterait renoncer à ses engagements. En d’autres termes, ce comportement  approuverait que le ministère décide de fermer ce centre volontairement. Ainsi, surgit cette interrogation majeure : quel avenir pour le CFEF aujourd’hui et pour l’école fondamentale dans le pays?

Rappelons que le CFEF a été créé en 1999  par une coopération française dans le cadre du programme d’appui pour l’éducation en Haïti (PAEH). Il est l’unique entité de l’État haïtien sur l’ensemble du territoire qui œuvre dans la formation  des enseignant.e.s pour l’école fondamentale. Comme son nom l’indique ses enseignant.e.s sont fondamentaux.ales  pour l’apprentissage  de  l’école nationale.

Crédit photo: HPN

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