Palmes Magazine
Le portail de la région des palmes

[Opinion] Est-ce un problème de pleurer la mort de Kobe Bryant en Haïti ?

L’annonce de la mort de l’ancien basketteur des Lakers, dimanche 26 janvier, a fait l’effet d’une bombe dans le monde. Ici, en Haïti, c’était le même effet en voyant les images d’hommage de Kobe sur les réseaux sociaux et statut WhatsApp. Néanmoins, les opinions se divergent à cette annonce, entre celleux qui croient que c’est normal de pleurer la mort d’une légende et celleux qui trouvent que c’est de « l’hypocrisie » parce qu’on ne connait personnellement pas le joueur. Est-ce un problème si la mort d’une star fasse autant de mal ?

« Depuis la mort de ma mère, jamais la mort d’une personne m’a aussi touché que celui de Kobe » disait Roody Thomas Sanon à l’émission « Kisa Nou Vle » lundi dernier sur la radio Ibo, expliquant même ensuite, qu’il a passé une nuit blanche ce jour-là. Roody n’est certainement pas la seule personne touchée par ce décès accidentel. Les photos de Kobe, les RIP Mamba ou encore A dieu KB24 ont animé la toile pendant cette semaine. Même si pour certains il s’agit de l’hypocrisie, arguant qu’on ne connaissait pas personnellement le joueur ou l’on devrait être plus préoccupé par les morts en Haïti. Pourquoi la mort d’un joueur qui n’a été MVP qu’une seule fois a fait autant de bruits ? Pourquoi la mort d’un sportif qui n’a jamais mis les pieds sur la terre de Dessalines a fait verser tant de larmes ? Ce KobeMania en Haïti est surtout lié au fait que le joueur faisait la liaison entre la génération d’avant et d’ après 2000. J’y reviens.

Au-delà du basket

Kobe Bryant, ce n’était pas seulement les exploits sur le terrain : les 81 points contre Toronto le 22 février 2006, les 62 points en 3 quart temps contre Dallas ou 4 matchs consécutifs à plus de 50 points. Non Kobe, c’était plus que ça ! Kobe, c’était un style, c’était l’afro dans le début des années 2000 que les jeunes voulaient ressembler. Kobe, c’était aussi le travail, l’obsession pour la victoire, la Mentalité de Mamba(MambaMentality) qui a inspiré beaucoup de gens même en dehors du basket.

Un champion intergénérationnel

Bien avant l’arrivée de Kobe dans la ligue, plusieurs joueurs l’avaient déjà marquée : Bill Russel et Wilt Chamberlain dans les années 60, Kareem dans les années 70 et aussi Magic, Bird, Jordan dans les années 80/90. Mais pendant les duels Lakers/Celtics et la dynastie des Bulls peu d’Haïtien.ne.s avaient les moyens de s’octroyer une télé ou même un équipement complet pour le câble. Formant un duo avec Shaquille O’neal  dans le début des années 2000, Kobe profitera de la haute audience de la NBA dans le pays pour devenir l’idole de toute une génération. L’expansion de l’internet dans les années 2010 ont permis aux fans d’avoir la possibilité de visionner beaucoup plus les highlihts du Mamba. En 20 ans de carrière, l’homme aux cinq titres est celui qui assura le mieux la transition pour les deux générations : celle qui a connu les exploits de Magic Johnson et de Jordan et celle de Lebron et Curry.

On peut s’attacher à une personne sans jamais l’avoir vu physiquement

Combien de gens ont pleuré en regardant un film ou une série télévisée ? Combien de gens qui sont émus en écoutant une musique de Michael Jackson ou les exploits de Messi ? Qui n’est pas attaché à une personne quelconque sans pour autant avoir la possibilité de la toucher ou de la voir physiquement. En ce qui concerne la mort de Kobe, pour certains, c’est toute une adolescence qui s’est envolée. Des nuits blanches à regarder une idole souvent dans les matchs sur la côte ouest qui se terminent très tard en Haïti. En plus de sa mort, c’est la façon dont il a rendu l’âme dans cet accident d’hélicoptère, et que sans un test ADN, on n’aurait pas pu identifier son corps. Sa mort coïncide aussi à celle de huit autres personnes dont sa fille Gianna(Mambacita) qui n’avait que 13 ans et aspirait à devenir joueuse professionnelle comme son père. Kobe n’était pas seulement une star pour ces gens-là, il faisait partie de leurs vies.

Oui les fans haïtiens ne connaissaient pas personnellement Kobe, mais cela n’empêche pas qu’il.elle.s ont le droit d’être profondément touché.e.s par sa mort, d’être ému.e.s, d’être tristes. Les gens l’ont regardé pendant des nuits, des années et c’est normal d’être triste après sa mort tragique que vous soyez fan ou pas, même en Haïti.

Crédit photo: ici.fr

Ailleurs sur le web

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.

commentaires
Loading...