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« Dechouke lanfè sou latè », ou dire la souffrance des femmes détenues

"Dechouke lanfè sou latè", un spectacle qui expose les conditions de vie des femmes détenues dans les prisons haïtiennes 📸 Adelson Carvens

Dans le cadre des activités en amont au festival Quatre Chemins, l’association Quatre Chemins a offert au public une représentation de « Dechouke lanfè sou latè », le mardi 26 septembre 2023, à l’Université Quisqueya. C’est une pièce qui expose les conditions inhumaines des femmes détenues en Haïti.

« Dechouke lanfè sou latè » met en scène pour la plupart d’anciennes détenues. C’est un spectacle qui aborde la problématique de la détention préventive prolongée par une mise en scène qui expose la situation des femmes en prison qui attendent indéfiniment et désespérément de passer devant un juge. Les comédiennes et anciennes victimes de ce phénomène qui s’installe dans le pays se sont mêlées aux spectateurs pour hurler, crier, pleurer et dire leur souffrance.

Ce sont des femmes brisées qui ont partagé avec le public le quotidien macabre dans les prisons. Cette mise en scène poignante a eu pour but de sensibiliser le public sur les conditions inhumaines dans lesquelles vivent les détenues et pointer du doigt l’indifférence du système de justice à leur égard.

Entre la violence, l’insalubrité, la discrimination et l’indifférence, ces femmes croupissent en espérant d’être jugées. Les délais légaux prévus par la loi pour comparaître devant un juge ne sont pas toujours respectés. Cette pièce décrit une situation révoltante. Les détenues sont gardées dans des situations bestiales et dans un espace réduit pendant des semaines, des mois et parfois des années sans qu’une autorité compétente ne statue sur leur sort. Elles n’ont pas accès aux soins médicaux, aux conditions élémentaires d’hygiène, à une nourriture suffisante et saine et à l’eau potable. En outre, elles subissent les exactions des geôliers.

Depuis 2021, après une série d’ateliers et de travaux avec des anciennes détenues, il y a eu plusieurs représentations de la pièce « Dechouke lanfè sou latè ». À travers cette pièce, ces anciennes détenues exposent ce qu’elles ont vécu et ce que d’autres femmes vivent encore derrière les barreaux. Elles dénoncent les autorités concernées qui ne lèvent pas le petit doigt pour qu’elles aient accès à la justice et au respect de leurs droits. C’est encore une fois sur le ballet des droits humains qui sont bafoués que cette énième représentation de la pièce « Dechouke lanfè sou latè » braque les projecteurs. »

Ce spectacle mis en scène par Février Gertrude Hugh fait partie du projet « Prizon pa ta dwe lanfè » réalisé par l’association Quatre Chemins en collaboration avec Avocat sans frontières. Ce spectacle a été précédé par une conférence autour de la détention préventive prolongée, toujours à l’université Quisqueya. 

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