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Et la commune de Gressier se bidonvillise…

Sous le regard silencieux des autorités étatiques de la commune de Gressier, l’on assiste à une prolifération anarchique de maisons dans la commune.

La commune de Gressier se bidonvillise de jour en jour sous le regard des autorités Photo: Judel Portain


Véritable attraction de ceux qui cherchent un lieu paisible pour habiter, Gressier a, en un tournemain, vu sa population augmenter de façon exponentielle. Une situation qui fait pousser les bidonvilles dans la commune.

Sous le regard silencieux des autorités étatiques de la commune de Gressier, l’on assiste à une prolifération anarchique de maisons dans la commune. À Merger, sur la pente de la route nationale numéro 2, de grandes maisons s’érigent. Sur les flancs des collines, les constructions anarchiques se multiplient abondamment. Même les terres fertiles ne sont pas épargnées. Au cours de ces cinq dernières années, à Gressier, les terres cultivables abritent de plus en plus des chantiers. Ce qui réduit la couverture végétale dans cette commune qui, autrefois, était réputée pour son agriculture florissante qui offrait une grande diversité de denrées telles le manioc, le maïs, le haricot, la canne-à-sucre, etc.

À Bois Boco, une localité de la section communale de Morne à Bateau, les chantiers se multiplient chaque jour. Conséquences : les mornes sont déboisés. C’est une zone qui était pourtant réputée pour la culture du petit mil et des patates. Ronald, un fils de la zone, est plongé dans un regret profond devant une telle décadence. Le Gressiérois se rappelle encore ses instants de répit passés dans ce milieu autrefois verdoyant en étudiant ses leçons et en dégustant des mangues. « C’est dommage que nos autorités n’arrivent pas à contrôler la commune pour freiner cette dérive », regrette Ronald. Il invite  les habitants, les organisations de base à jouer leur rôle pour épargner la commune  de cette bidonvilisation qui prend de l’ampleur.  

«Cette situation est inacceptable », lance Jean Eddy Baptiste, technicien en agronomie. Ce dernier dit avoir un projet de plantation de citronniers qui vise à augmenter la production de ce fruit dans cette commune qui l’a vu naître. Mais, le visionnaire ne peut trouver un terrain disponible dans la commune  pour exécuter son projet. « Les  autorités sont responsables de cette dérive, accuse-t-il, car elles n’ont aucun contrôle sur la façon dont on construit. « Les terres cultivables doivent être réservées à l’agriculture. Les dirigeants doivent également doter la commune d’un plan d’urbanisation », conclut-il.

Regeneau Sereme, un autre fils de la commune, ne tourne pas autour du pot non plus. «La commune fait face à un problème de dirigeants », martèle l’agriculteur expérimenté qui s’étonne qu’un pays dit essentiellement agricole soit traité de la sorte. « Pas de politique agricole, pas d’accompagnement et le pire ils veulent nous enlever les terres  cultivables », désole le quinquagénaire avant d’exhorter les autorités à prendre en considération cette problématique afin d’éviter que la commune se plonge davantage dans la misère dans les jours qui viennent.

Depuis quelques temps, dans certains quartiers de la commune de Gressier, comme c’est le cas pour Merger, Lambi et Garde Gendarmes, les actes malhonnêtes sont devenus très fréquents. Selon Rose Danie Bazile, une  prêtresse vodou qui habite la commune depuis 17 ans, la situation a commencé à se dégénérer  à partir de l’année 2012, soit deux années après le séisme. À partir de cette période, raconte-t-elle, les paysans ont commencé à vendre leurs propriétés  et les autorités communales se sont permis de distribuer des autorisations de construction sans l’avis d’un expert.

La bidonvilisation de la commune a ainsi commencé pour devenir aujourd’hui incontrôlable. Mambo Rose Danie Bazile exhorte les autorités de Gressier à prendre conscience pour épargner que la commune soit transformée en une zone de non-droit dans les 10 prochaines années. Johnny Laborieux, ingénieur et formateur en construction parasismique dit souhaiter qu’un travail de base soit fait au niveau de Gressier pour stopper le phénomène de construction anarchique et la bidonvilisation de la commune. Selon ce dernier, c’est l’ensemble de la société qui doit s’unir contre ces problèmes.

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