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Gressier : Après le « pays lock », la mairie de plus en plus impuissante

Après que ses locaux aient été incendiés le 17 octobre dernier, la mairie de Gressier ne peut toujours pas fonctionner.

Comme pour la plupart des institutions publiques du pays, toutes les activités ont été paralysées au sein de la mairie de Gressier lors de la dernière saison de « pays lock ». Une situation qui a contraint les maires et les employé.e.s à  rester chez eux.elles. La situation s’est empirée quand le hangar logeant la mairie a été incendié le 17 octobre 2019, aux environs de deux heures dans l’après-midi. La mairesse adjointe Dieulie Augustin, qui était en période de deuil à l’extérieur du pays lors de l’incendie, juge qu’il s’agit d’un acte criminel. « Je ne sais pas ce que la mairie a fait à ces gens ou même ce que la commune leur a fait. Il.elle.s devraient être assez intelligent.e.s pour savoir que ce n’est pas un bien personnel, personne ne devrait l’attaquer », a-t-elle lâché désespérément.

Arrivée sur place après l’incendie, elle constate les dégâts avec amertume. Les pertes matérielles et autres sont estimées  à environ 1.5 millions de gourdes. La mairesse se lamente qu’aucune poursuite judiciaire n’ait été entreprise à l’encontre des casseurs. « L’acte a été commis sous le regard bien bienveillant des policiers du commissariat, le maire principal y était aussi. Jusqu’à maintenant la justice n’a émis aucun mandat », fustige Mme Augustin.

Des projets mort-nés de la mairie

Depuis son élection au conseil d’administration communal de Gressier, la mairesse adjointe dit se sentir impuissante. Des démarches ont été entamées pour la réalisation de certains projets que la mairie, dit-elle, tient à cœur, mais qui sont, pour la plupart, restées sans suite nécessaire. « Mozole madan gresye », le nom de l’un des projets qui serait financé par le ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales (MICT), à hauteur de 3 millions de gourdes, mais seulement 1 million de gourdes serait déjà disponible, à en croire la mairesse, depuis décembre 2018. Le projet peine donc à être implémenté.

La construction d’une clôture pour le marché de Gressier, qui coûterait 1 million de gourdes, supporté par le ministère de planification, reste encore sous les verrous sans savoir réellement pourquoi. « J’ai fait du mieux que je pouvais pour mettre à termes ces projets, mais pour une raison ou une autre rien n’est encore fait », dit-elle.

En ce moment, il reste que du bois et les cendres de la mairie de Gressier. Le hangar est d’une couleur d’encre. Les maires s’agitent pour refaire fonctionner à nouveau la maison communale. « On a déjà fait des démarches auprès du ministre de l’intérieur, qui va nous aider à louer un espace afin de loger les administrations. Un chèque est déjà disponible pour refaire fonctionner la mairie », informe-t-elle en précisant que la réouverture permettra à la mairie de payer les 12 mois d’arriérés de salaire qu’elle doit à ses 102 employé.es. « Si on reste fermer, ce sera encore plus difficile à payer. 12 mois d’arriéré, c’en est déjà trop », lance-t-elle en hochant les épaules.

Une mairie très dépendante

Classées en troisième catégorie par rapport à son assiette fiscale, selon la mairesse Augustin, la mairie de Gressier est très dépendante comparée aux autres mairies des grandes villes. De ce fait, elle ne peut pas répondre seule à toutes ses prérogatives; c’est pourquoi  des bailleurs internationaux à travers le Programme de Coopération de Municipalité Haïti-Canada (PCM), est d’une grande utilité. Le hangar fraîchement incendié a été construit par le Canada, informe-t-elle, dans le cadre de cette corporation.

Autrement, les affichages dans la commune, le droit d’alignement, le marché public, l’enregistrement des propriétés bâties sont entre autres les sources de revenus de la mairie. En ce sens, la mairie doit faire de son possible pour permettre  aux citoyen.e.s d’enregistrer leur maison, payer la DGI ; ainsi elle pourra en bénéficier en fonction des rentrées sur l’impôt sur le revenu. Avec les six mille propriétés recensées par la PCM, avant les élections de 2016, la mairie a connu une augmentation de 1 à 2 millions de gourdes. Malgré cela les employé.es ne reçoivent pas leur salaire normalement. La crise vient tout compliquer.

Toutefois, beaucoup de maisons ne sont pas enregistrées. Un contrôle qui semble bien échapper à la mairie.

L’on précise que le vendredi 6 décembre 2019, les travaux de réhabilitation de la mairie ont commencé. Une façon de montrer aux citoyen.ne.s que les maires sont là et la mairie doit continuer d’exister.

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