Encore une fois, après quelques gouttes de pluies, beaucoup de quartiers sont inondés et des personnes ont même perdu leur vie dans le pays. Alors que, l’on s’en souvient, le président Jovenel Moïse avait déclaré l’année dernière à l’ONU que le pays est mieux préparé à faire face aux catastrophes naturelles.
Les habitants de Pèlerin, de Carrefour, de Carrefour-Feuilles et de certaines localités de Cité Soleil ont connu des moments difficiles le mardi 2 juillet dernier dans la soirée, tandis que la population se préparait pleinement à suivre le match Haïti-Mexique en demi-finale de la Gold Cup aux États-Unis. Malheureusement la nature avait décidé autrement. Les dernières pluies diluviennes qui se sont abattues sur Haïti ont fait des dégâts considérables quelques heures avant le match. En effet, selon l’agence en ligne Alterpresse environ six personnes sont mortes et trois autres sont portées disparues suite aux averses du 2 juillet sur Port-au-Prince et des zones avoisinantes. Parallèlement, des maisons ont été inondées et détruites à Pèlerin 1, a rapporté le Nouvelliste.
En réalité, personne n’est à l’abri dans ce pays, d’ailleurs une partie de Pèlerin, la zone où se trouve la maison du président de la République, a été inondée. La situation n’était pas différente à la rue St honoré à proximité de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), voisin du palais national. À chaque pluie, Port-au-Prince et ses environs sont impraticables. On pouvait le constater devant le théâtre national d’Haïti où des gens jouaient à la marelle pour essayer de rentrer chez eux.
« La population devient de mieux en mieux préparée depuis le séisme du 12 janvier 2010 », avait déclaré Jovenel Moïse dans son allocution sur la tribune des Nations Unies l’année dernière, propos qui ont été rapportés par le quotidien le Nouvelliste.
Or, quelques mois après sa déclaration un tremblement de terre de magnitude 5,9 allait frapper le nord du pays, plus précisément la ville de Port-de-Paix, où il y avait bon nombre de victimes. Plus choquant encore, les victimes ne pouvaient pas trouver à temps les soins dont elles avaient besoin faute d’infrastructures sanitaires, de médicaments ainsi que de personnels qualifiés. Selon le journal le Nouvelliste, le département du Nord-Ouest n’avait pas d’orthopédistes pour prendre soins des personnes qui ont été victimes, alors que sa population est évaluée à environ 751 mille habitants, selon le dernier rapport du ministère haïtien da la santé, publié en octobre 2018. Dans ce cas, de quelles préparations parlait le président Moïse ?
Haïti est sous la menace de 13 tempêtes et 5 ouragans
La saison cyclonique débute depuis le samedi 1er juin 2019. En effet, elle va s’étendre sur une période de six mois soit du 1er juin au 30 novembre de cette année. La Direction de la Protection Civile a annoncé que 13 tempêtes et 5 ouragans dont 2 majeurs sont prévus pour cette saison cyclonique. Pourtant, jusqu’à présent, les messages de sensibilisation de la population sont entendus que rarement. Pas d’activités concrètes et efficaces en faveur des communautés vulnérables pour les aider à se préparer à toute éventualité.
L’insalubrité et la dégradation de l’environnement
Pendant ce temps, quand on sillonne Port-au-Prince et ses environs, l’on constate presque à chaque coin de rue des montagnes de déchets qui, très souvent, obstruent les rues et causent des embouteillages à longueur de journée.
Après seulement quelques minutes de pluie, plusieurs de nos grandes villes sont inondées et les riverains sont aux abois. La ravine Bois-de-chêne, au Portail-Léogâne, au côté du théâtre national, à quelques pas de la primature et du parlement haïtien, fait ruisseler toutes les plaies et les laideurs de la capitale. Les égouts à ciel ouvert partout à Port-au-Prince représentent une épée de Damoclès pour les usagers de la voie publique même en temps normal. En temps de pluie, tout le monde peut en être victime.
La route nationale #2 présente également une radiographie sombre de la situation environnementale du pays. Après la pluie, des tonnes d’alluvions, des gravas ainsi que des flaques d’eau stagnantes sur les artères au niveau de Mariani (commune de Gressier) à l’entrée de la Région des Palmes, rendent toujours la circulation difficile. C’est sans compter la rivière Rouyonne, à Léogâne, La Digue et plusieurs autres rivières à Petit-Goâve qui, une fois en crue, paralysent inévitablement le transport sur la nationale #2. Cette situation est certainement due à la dégradation de l’environnement qui s’accélère de manière inquiétante.
Pour une meilleure préparation
Le pays fait face à des problèmes environnementaux qui le rendent très vulnérable. La centenaire Odette Roy Fombrun ne cesse de crier au secours pour sauver l’environnement du pays, à travers la structure « Konbit Ayiti Pwòp ». Donc, il faut une politique d’assainissement qui doit passer par le renforcement des mairies du pays en les dotant des équipements nécessaires pour assainir les villes afin d’éviter les inondations et des maladies infectieuses que peuvent provoquer les déchets. En outre, on n’a pas assez d’espace vert ; le pays est un désert. Il n y’a pas trop d’arbres pour protéger nos terres. Il faut résoudre ce problème, on doit donc reboiser le pays. Ainsi, on a besoin des initiatives comme YAP plante, initiée par des jeunes Leogânai.se.s. pour voler au secours de l’environnement.
Cependant, il y a d’autres mesures à adopter pour protéger les Haïtien.ne.s contre des catastrophes naturelles. L’État doit interdire les constructions anarchiques. Les autorités municipales doivent être capables de dire où on doit construire et comment.
Néanmoins, pour faire toutes ces réalisations on doit dépenser beaucoup d’argent. Or, le pays fait face à une crise économique qui est à son apogée et qui plonge le pays dans l’insécurité alimentaire . Toutes ces conséquences sont les résultats de l’instabilité politique qui bat son plein dans le pays ainsi que des mauvaises décisions prises par les autorités haïtiennes. C’est une chaîne. La crise politique affecte tout le système. Ainsi, pour protéger la population il faut tout résoudre en passant d’abord par la politique.
« Prévenir vaut mieux que guérir », malheureusement la majorité des dirigeants du pays ne croient pas en cette adage ! On préfère donc attendre les dégâts pour donner des conférences de presses pour envoyer des mots de sympathies aux victimes, faire des promesses mirobolantes ainsi que pour ouvrir le pays aux missions humanitaires sans aucun contrôle !
Molière ADELY est journaliste/redacteur à palmes Magazine. Il est également étudiant en sciences anthropologiques et sociologiques à l’Université d’État d’Haïti. Il collabore avec d’autres médias à Port-au-Prince. Il aime la culture et la politique. Il est aussi un passionné des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC)