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Obed Lamy, cinéaste pour la sauvegarde de la mémoire collective

À peine deux ans dans le milieu cinématographique, il est déjà au cœur des conversations pour ses intéressantes réalisations. Pour Obed Lamy, ce n’est qu’une continuité de sa passion mais avec beaucoup plus de possibilités de création.

Après ses études en communication sociale à la Faculté des sciences humaines de l’Université d’Etat d’Haïti (FASCH-UEH), Obed Lamy a pu bénéficier d’une bourse au programme de Fullbright pour un master en journalisme à l’Université d’Arkansas aux États-Unis. Au cours de cette aventure, le jeune homme talentueux n’a pas tardé à se tailler une place de choix. Il vient de recevoir, le samedi 13 novembre 2021, le prix du meilleur réalisateur émergent au festival du film de Fayetteville.

Une passion qui a toujours existé

Si le rêve n’était pas de devenir journaliste, encore moins documentariste, la passion existait toutefois, bien avant. Dès son enfance, Obed était déjà enchanté par le monde de la narration. Il a toujours grandi dans cet environnement où l’histoire était valorisée, mais surtout racontée à voix haute. Sa mère a été sa principale initiatrice. Grandie à la campagne, témoin de la dictature duvaliériste, elle passait ses humbles connaissances et expériences à ses enfants presque tous les soirs.

En grandissant, Obed a su garder en lui cette pratique d’aller à la recherche de la vérité, de mettre en lumière des histoires non racontées, ou mal racontées. C’est dans ce souci qu’il a accouché de ces deux premiers documentaires: « A promising voice » (Une voix de promesse, en français)  et « Once forgotten » qui signifie «Une fois oubliée ».  Quoique ces documentaires soient inscrits dans un contexte académique, ils reflètent cette forte passion qui a toujours demeuré en lui.

Violence raciale, histoire, mémoire collective

Dans son dernier documentaire, il retrace l’histoire de trois jeunes esclaves qui ont été accusés d’avoir tué leur maître et qui ont été lynchés par le gouvernement et la population en 1856 à Arkansas. Une histoire racontée pendant très longtemps par la communauté blanche. Et à travers son travail, il a voulu donner la parole aux noirs de cette communauté. Il a jugé nécessaire d’avoir aussi leur version des faits, dans un pays où le racisme est systémique.

En effet, c’est une réalisation qui contribue à alimenter le débat sur la violence raciale, l’histoire et la mémoire collective. Le réalisateur dit se questionner sans cesse sur la manière dont on écrit et raconte l’histoire. Il cherche aussi à comprendre comment l’histoire est effacée, et surtout pourquoi il est important de se souvenir et de sauvegarder la mémoire collective.

Pour Obed, c’est une nécessité pour que les sociétés se souviennent de leur passé, de s’en inspirer et d’en tirer des leçons. Sans cela, on risque de répéter l’histoire, avance-t-il. La société haïtienne a cette tendance de se référer à l’histoire que pour la gloire, alors que les erreurs commises devraient aussi être prises en compte.

Même à petite échelle, le journaliste avance qu’il est un impératif pour un jeune haïtien de connaître son passé, de fouiller dans l’histoire de sa famille. Selon lui, il faut avoir une idée de son identité pour pouvoir se repérer, mieux se préparer pour faire face aux conséquences et même travailler sur sa personne. Car notre histoire nous façonne, ajoute-t-il.

Le meilleur cinéaste émergent renforce sa position et réitère sa responsabilité à rendre vivante la mémoire collective. Il est important de combattre l’oubli ou toute forme d’initiative qui tente d’effacer ou de modifier ce qui s’est réellement produit.

Fierté de la Région des Palmes

Natif de Petit-Goâve, Obed Lamy prend toujours le plaisir de clamer ses origines. D’ailleurs, que peut être un homme sans la reconnaissance de ses origines? Le journaliste parle de cette ville avec beaucoup de fierté. « Il y a beaucoup de Petit-Goâve en moi. Il y a aussi beaucoup de moi à Petit-Goâve. C’est là que j’ai fait les plus belles expériences de ma vie », exalte-t-il.

Danse, musique, littérature, Obed était ce jeune très agité, ayant ses traces partout et en tout pour la culture. Très jeune, avec ses sœurs, il se chargeait de rendre vivantes les activités de son village. Les plus beaux souvenirs du jeune Petit-Goavien coulaient à flot quand il nous a déclaré qu’il n’existerait pratiquement pas sans la cité de Faustin Soulouque.

Ceci dit, cette commune de la région des palmes n’est pas uniquement connue pour ses fameuses plages, côtes, verdures et « Dous makos », mais aussi pour des personnalités brillantes, talentueuses et avisées comme Obed Lamy.

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