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Passagers du paradis de Franck S Vanéus : Caricature d’une société souffrante

Publié en 2021, le recueil de nouvelles intitulé « Passagers du paradis » est l’œuvre de l’avocat-philosophe Franck S Vanéus. Composé de 154 pages et de huit narrations, ce recueil est le portrait craché d’une société déhanchée qui ne ressemble à aucune autre que la nôtre. Gorgé d’un style littéraire rare, Passagers du paradis permet à l’auteur de poser un regard plutôt acide et satirique sur la stagnation des fonctions sociales et politiques dans le pays ; les histoires, bien travaillées et menées par des rebondissements incessants, tentent par ailleurs de donner un morceau d’espoir au peuple haïtien.

Franck S Vanéus introduit ses lecteurs, séduits par la délicatesse et la fluidité de sa plume, vers un univers où flotte l’homme haïtien. L’auteur traite des thèmes bien connus, des thèmes qui, comme des sangsues, entrainent lentement la société vers une décadence affreuse : la corruption, l’hypocrisie, l’égoïsme, la violence, l’inceste et la prostitution. Vanéus se sert de sa plume pour décrire l’être haïtien, cet être qui, à force de sombrer dans une précarité permanente et victimaire d’une famine créée par ses décisions barbares, finit par commencer à ressembler aux animaux sauvages. Passons à la page 61 et 62 du recueil, dans l’histoire titrée Une Affaire De Bicyclette. Un enfant, content d’avoir eu son cadeau d’anniversaire, passe voir une amie de sa famille, espérant recevoir quelque chose. Et il a bien reçu quelque chose. En effet, il a été reçu par un coup de machette à la tête.

« […] Il sentit un liquide couler le long de ses tempes. Il y porta la paume de sa main gauche puis ramena devant ses yeux. Il vit que ledit liquide avait une couleur rougeâtre. Il n’eut pas le temps de descendre complètement le bras, qu’un troisième (coup de machette) plus violent l’atteignit. Son bras, coupé net, flottait dans les airs avant de retomber à quelques pas de lui. [..] On le décapita. En un rien de temps, on avait amené une grande chaudière. Les vêtements et sa chair ne faisaient plus qu’un, les lambeaux de tissus furent difficilement détachés de son corps ravagé par la lame des machettes. Chaque morceau de viande, scrupuleusement découpé, fut déposé dans la grande chaudière. »

La littérature c’est aussi ça : raconter, décrire, écrire la situation du monde qui nous entoure. Vanéus raconte, décrit, écrit l’Haïtien. Il projette au tournant des pages la situation méduse de la société dirigée par des autorités qui s’en foutent totalement. L’auteur observe bien cette société, tout est passé au peigne fin dans les huit histoires de Passagers du paradis, tout : notre pauvreté, nos peurs et nos petitesses. Tout.

Lire Passagers du paradis, c’est partir à la conquête de son entourage, c’est essayer de saisir l’essence de nos malheurs. L’auteur s’inscrit d’emblée dans une démarche de montrer sans ambages que la société haïtienne, marquée principalement par la violence et la misère, peut ne pas toucher le fond du chaos, et qu’une conscientisation nationale peut tout changer.

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