Palmes Magazine
Le portail de la région des palmes

Penn Yserve : la peinture pour propager le bien-être et les rêves

Le jeune dessinateur professionnel, Penn Yserve

Passionné des arts visuels, de littérature et de musique, Penn Yserve vit sa vie en s’accrochant à toutes ses passions. Il croit que la peinture peut aider à sensibiliser le monde à propager le bien-être, les rêves, les besoins fondamentaux et l’espérance d’une bonne fin. Il en fait tout un mode de vie.

Palmes Magazine : Qui est Penn Yserve, parlez-nous de vous?

Penn Yserve : Je suis un passionné des arts visuels (cinéma, art plastique, théâtre), de la littérature et de la musique. Étudiant en lettres-modernes à l’École normale supérieure (ENS). Slameur à mi-temps. Dessinateur professionnel depuis un an déjà. Originaire de Petit-Goâve. En effet, je vis presque toutes mes passions avec tous les risques et les efforts qu’elles exigent. J’essaie de profiter de mon existence autant que je peux, avec tout ce qu’elle peut infliger de douloureux et/ou de joyeux. En image, je me vois comme un arbre avec des racines souterraines qui creusent profondément les passions qui m’attirent afin d’offrir les fruits de celles-ci à ceux qui les veulent bien, à ceux pour qui, ils auront goût de vivre, sens de l’effort et du partage.

P.M : Quand vous êtes-vous mis à dessiner?

P.Y : J’ai commencé à dessiner à 14 ans. Mais c’était surtout pour m’amuser parce que mes parents m’avertissaient déjà qu’ils ne seraient pas fiers de me voir devenir un artiste peintre. Dans les bas quartiers, vous savez, les gens voyaient les artistes comme des marginaux, mis hors-jeu de la réalité. Malheureusement, il n’y a pas d’espace officiel qui permet à ces derniers d’expliquer leurs orientations afin qu’ils aient plus de légitimité dans leurs communautés.

P.M : Pourquoi avoir choisi le dessin?

P.Y : On ne choisit pas ses passions. Elles viennent de l’enfance, de nos parents, de nos amis, des circonstances qui ont forgé notre personnalité, de nos habitudes.  Mais il faut une bonne part de conscience, un regard vraiment réaliste dans nos choix pour pouvoir s’armer de bonnes intentions et de bien mener nos projets. J’ai le cœur léger en ce qui a trait aux domaines auxquels je tiens, j’ai souvent l’impression de m’adonner à trop de chose. C’est dangereux. Parce que le plus important c’est de se focaliser et ensuite durer. Finalement, je ne sais pas pourquoi le dessin. Il a dû me regarder du bon œil la première fois qu’on s’est vus. Rire. Tout comme pour un homme, on ne sait pas pourquoi il donnerait le monde immédiatement à une femme qu’il aime, si elle le lui demande, pour ce dernier aussi il était question d’un simple regard au départ. Rire. Trêve de plaisanterie. Les amours comme les passions, c’est quand on ne sait pas mais on veut bien donner corps et âme pour les vivre.

P.M : Comment et où avez-vous appris à dessiner?

P.Y : La chance m’avait souri quand j’ai bénéficié de la générosité d’un homme au grand cœur, Samuel Hyppolite, diplômé de l’ENARTS. Il m’a ouvert les portes de son atelier à Petit-Goâve : Hyppos’art. J’ai passé trois ans à travailler dans son atelier. Je voulais devenir peintre. Mais je ne faisais que dessiner aux crayons parce que je n’avais pas de quoi m’acheter les peintures. J’ai appris beaucoup de choses avec lui. Je lui dois ma sensibilité. Malheureusement, il est un maître très paresseux. (Il doit me donner raison sur ce fait.). J’aimerais tant le voir travailler plus. Il y avait un ami d’enfance Mischael Ceres qui apprenait la monographie avec les mêmes engouements que moi. Maintenant, il fait son bonhomme de chemin dans l’imprimerie des T-shirt, tout en gardant l’habitude de dessiner.

Après mes études classiques, j’ai dû me rendre à Port-au-Prince pour me consacrer aux études universitaires. Par la suite, j’ai suivi un séminaire sur les techniques de base du dessin réaliste professionnel organisé par Canigue Draw, un dessinateur de grand talent, à Puits-Blain, chez qui je vais travailler un an plus tard comme tuteur. Là-bas, j’ai fait la rencontre de grands artistes, tellement impressionnants, comme Kassi Brenor, Ricky Art, Izo PaleCho 509. Chacune de ces rencontres m’a appris en somme la persévérance, la patience, la discipline, la rigueur et la peur de perdre ma créativité et mon envie de toujours apprendre.

Et depuis, je peaufine les techniques que j’ai apprises durant ce parcours. J’avance. De toute façon, le domaine du dessin réaliste est plus une question de sens, d’aptitude que de talent, et tout cela s’apprend dans la pratique assidue.

P.M : Quelle est votre muse?

P.Y : Les arts de l’Antiquité gréco-romaine. Ceux de la Renaissance. Surtout les réalisations de Michel-Ange Mérisi dit le Caravage, peintre italien du 16e siècle. Jean-Michel Basquiat, artiste contemporain américain d’origine haïtienne, pour la grande profusion d’énergie qui émerge de ces peintures. Mes élèves, ceux qui ont presque le même niveau que moi en si peu de temps. Le quotidien des gens. Enfin, mon père, Saintil Iserve un artisan qui fait de magnifiques barrières, balcons, fenêtres en fer forgé, j’imite sa ténacité, il est infatigable.

P.M : Qu’est-ce qui vous passionne dans le dessin?

P.Y : Le principe que l’on peut se dépasser, et étonner les autres à chaque trait bien fait. La vérité que l’essentiel n’est pas dans la façon dont on commence mais comment on termine.

P.M : Nommez deux dessinateurs qui vous inspirent? Comment vous ont-ils inspiré ?

P.Y : Charles Laveso, dessinateur Brésilien de notre époque, pour la finesse de ses traits. Canigue Draw, pour son sens de l’effort, sa volonté de se dépasser et sa générosité. Permettez-moi d’ajouter Ricky Art, il a un talent plus qu’impressionnant.

P.M : Vous vous voyez comment dans 10 ans?

P.Y : Vivant, calme et sans ennui, ami, frère, amoureux, père… Rire. Pour y arriver je dois avant tout être un écrivain conséquent, un bon dessinateur, un slameur si ça me tient toujours à cœur.

P.M : Pensez-vous que la peinture puisse apporter de nouvelles choses dans le monde?

P.Y : De troublantes vérités sur la fragilité de la vie, des inspirations sur le vrai sens du bonheur en même temps, pour qu’on soit toujours à l’écoute et au service de l’autre et de soi-même. Nous apprendre que vivre est plus important que tout dans l’équilibre, même plus que les billets de banques. Sensibiliser le monde à propager le bien-être, les rêves, les besoins fondamentaux et l’espérance d’une bonne fin.

P.M : Que souhaiteriez-vous réaliser avec la peinture?

P.Y : Une œuvre qui donne la force de vivre et de construire ensemble. 

Ailleurs sur le web

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.

commentaires
Loading...