Le festival « Slam en folie » vise entre autres à mieux familiariser le public avec le slam.
La deuxième édition du Festival Slam en Folie s’est achevée le samedi 14 novembre dernier au jardin de l’hôtel Fort Royal à Petit-Goâve. Initié par Ricardo Louis, ce festival qui s’est tenu du 31 octobre au 14 novembre, avec pour thème Slame ta cause, a été un moment édifiant pour la culture haïtienne où des acteurs de divers secteurs ont conjugué leur art pour un effort de fulgurance du flambeau poétique.
Déjà deux éditions pour Slam en Folie ! Deux fois l’alliage de l’oralité et de l’écriture s’est fait au profit d’un fort moment de création sans limite ! Slam en folie est ce festival national de slam qui regroupe les différents acteurs de la littérature orale en vue de dynamiser les échanges slameurs-slameurs, slameurs-public, slameurs-écrivains, tout en se fixant comme objectif de créer un espace où tous et toutes peuvent exposer leurs œuvres à des fins de vente et de promotion, selon le maître de mouvement Ricardo Louis, mais c’est aussi un moyen de permettre au grand public de mieux se familiariser avec la tendance des causes par l’organisation d’ateliers, de causeries, d’expositions et de spectacles.
Ce festival qui a été lancé l’année dernière et dont la première édition s’est déroulée à Petit-Goâve autour du thème: « Tant vaut lire, tant vaut dire », entre le 20 et le 30 Juin, est une vraie occasion de rencontre entre les arts. Tout se passe selon une mécanique d’évolution qui appelle un mouvement de redéfinition de la pratique du slam tel qu’on le connait. Comme activités lors de la première édition, une série d’ateliers sur la création poétique a été réalisée à travers des établissements scolaires, et tout s’est bouclé au Canne à sucre night-club le 30 Juin sur une journée d’exposition, suivi d’un grand spectacle de clôture, nous rapporte Ricardo Louis.
Le slam pour l’assainissement de l’espace culturel
« Le slam est comme toute autre une tendance à part entière et qui charrie tout un système de valeurs propice à la mobilité sociale et à l’assainissement de l’espace culturel que nous prônons au quotidien. Conscient du fait que le slam en tant que tendance peut s’ériger en alternative au bénéfice de telles causes, et conscient que pour jouer son rôle en tant que tendance, le slam a besoin de plus d’espace promotionnel pour mieux se hisser sur l’échiquier culturel, on a jugé nécessaire d’ajouter ce nouveau concept: Slam en Folie, pour dire que oui le slam a bel et bien sa place en tant que tendance à part entière au sein du grand brassage interculturel ».Tels sont les mots de l’initiateur sur l’origine de ce mouvement. La deuxième édition dont le thème Slame ta cause est en parfaite harmonie avec le principe de départ tend à approfondir davantage cette démarche, en insérant de nouvelles formes d’expressions qui amènent l’espace culturel à réviser ses barrières, où un possible dialogue s’établit entre un ancien et un nouveau pour une parole née du feu des causes criées ou avouées.
Si Ricardo Louis est celui qui a initié le mouvement, toute une famille l’accompagne pour la réalisation de ce festival. L’année dernière, le festival a débuté avec la collaboration de certains écrivains comme Ducarmel Alcius, Adelson Elias, Adelyne Bonhomme, sans oublier ces infatigables frères Myrtheau Casseus, Kervens Lacostrade et Herode Jean Baptiste… et par la suite c’est toute la grande famille de slameurs haïtiens qui ne cesse de soutenir le rêve à cœur ouvert!
Ateliers, causeries et spectacles… : le menu du festival
Contrairement à celle de l’année d’avant et en raison de la Covid-19, cette édition n’a pas eu lieu en juin, comme les organisateur.trice.s l’auraient souhaité. Malgré les difficultés, les activités ont débuté le samedi 31 octobre au Fort royal hôtel par un spectacle baptisé « Ici tout s’emballe », une mise en scène de Ducarmel Alcius et Aterson Sainval (Dade) avec la participation de Rincy Michel, et de quelques slameurs comme Myrtheau SML, Rigòl et Ricky Fou Conscient. Tout un programme intéressant s’ensuivit.
Et cette fois, l’attention s’est portée sur la cité d’Anacaona (Leogâne), le Samedi 7 novembre. Après une journée d’ateliers et une causerie autour du thème: « Slam, entre tendance et perspectives » avec des intervenant.e.s slameurs(euses) comme Hakim 7 et Shelou de Léogâne, Myrtheau SML et Fou Conscient de Petit-Goâve, on a senti la ferveur poétique et le flambeau s’est entretenu jusqu’à une transmutation de la parole en émotion pure, face à un public captivé, toujours aussi présent lors de l’ OPEN MIC qui a bouclé la journée, où l’on a pu voir à l’œuvre des slameurs comme Djim impeccable, Greg LTP, Zack-D SlaC (de Léogâne), Fils des mots (Petit-Goâve) Diddy Skyman (de Port-au-Prince, représentant de la fédération haïtienne de slam poésie), Malad (du collectif mort de rime de Fontamara), pour ne citer que ceux-là.
Samedi 14 novembre. L’activité de clôture s’est tenue au jardin de l’hôtel fort royal à Petit-Goâve, précise Ricardo Louis, par une soirée à vive voix (strictement slam) où ont été préconisées l’oralité, la rhétorique, la musicalité du verbe et de la voix, avec des figures de proue du slam haitien comme Nervno Fils de plume (auteur du 1er album de slam en Haïti), Meschac Lebrun dit LFD (champion national de slam), Vens le penseur (champion slamorap) Shelou, Yourire le slameur, Myrtheau SML, Fils des mots, Penn Yserve, Bird Master. Tout ceci en parfaite fidélité aux exigences du thème et de la scène.
Après la danse…encore la danse
L’équipe de Slam en folie, tout en favorisant l’émergence de cette nouvelle tendance et de nouveaux concepts par la réalisation du festival, entend étendre leurs activités au-delà de ce cadre. C’est selon cette même logique que l’équipe compte relancer sous peu sa série d’ateliers slam et psychotechniques dont le but est de développer et de dynamiser le processus d’apprentissage dans les milieux scolaires.
Pour cette édition, l’équipe a eu le soutien et l’appui de Fou conscient empire, Fort royal hôtel, Nirvens printing & more, Matrice studio, Dave champions productions, A vive voix, la famille Fabien, TDAART, Zack-D Collection. Sur cette édition, Ricardo Louis a confié avoir rencontré beaucoup de difficultés. « Mais ce qui m’étonne, continue-t-il, et que je finis par comprendre, c’est que quand on se met ensemble, ça déplace des montagnes! Cette édition est par-dessus tout une réussite réelle et concrète, avec beaucoup plus de couleurs et d’envergure que la première. On peut jusqu’ici crier satisfaction et gratitude! L’aventure continue! »
Slam en folie est désormais ce rendez-vous annuel dont il faut se souvenir, un patrimoine qu’on ne peut chercher qu’à pérenniser, qui œuvre à s’étendre davantage sur plus d’espace géographique et qui entend pousser les limites, en introduisant de nouveaux schèmes de pensées dans l’espace culturel haïtien.
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