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Zuma Angela Jasmine Lavertu, une passionnée de théâtre

Zuma Angela Jasmine Lavertu fait partie de ces jeunes bourré.e.s de talents de la région des Palmes. Comédienne à plein temps, elle n’imagine pas sa vie en dehors de la scène.

Zuma Angela Jasmine Lavertu Crédit photo: Kit Medias

Zuma Angela Jasmine Lavertu fait partie de ces jeunes bourré.e.s de talents de la région des Palmes. Comédienne à plein temps, elle n’imagine pas sa vie en dehors de la scène.

Comédienne expérimentée, Zuma Angela Jasmine Lavertu, 26 ans, est née à Petit-Goâve, précisément à Delatte, 7e section communale. Aînée de sa famille, elle a dû quitter de très tôt les bras de sa mère à cause du climat froid de sa zone mais aussi afin de pouvoir aller à l’école. Ainsi, depuis l’âge de deux ans, elle vit en ville avec son père qui lui-même ne pouvait pas rester à Delatte car il était asthmatique.

Il faut remonter jusqu’à sa plus tendre enfance pour trouver le début de son histoire avec la scène. À l’école primaire, elle prenait déjà des cours de danse parallèlement avec ses études. « Quand j’étais petite, j’aimais la danse et les défilés de mode. Mon  père m’avait inscrit dans  une école de danse », se remémore-t-elle. Mais tout allait changer quelques années plus tard.

Sa rencontre avec le théâtre

Après ses études primaires, elle a intégré le Lycée Faustin Soulouque de Petit-Goâve. Zuma y a passé sept années. C’est au lycée que tout a changé, car elle  commence à lire des livres sur la femme et découvrir les injustices sociales. De plus, le problème des enfants des rues commence à l’interpeller. « J’ai commencé à ressentir la souffrance des victimes de violence dans ma communauté parce que mêmes les proches parents n’ont pas été épargnés. J’ai été moi aussi victime  au lycée à plusieurs reprises juste parce que je suis femme », fait-elle savoir.

Voulant dénoncer ces mauvais actes, elle s’est vite rendu compte que sa voix était impuissante. « C’est tout ce qui  m’a poussé  à intégrer  le Mouvement  littéraire culturel et artistique des jeunes (MOLICAJ) dans  un premier temps, parce que j’ai commencé à comprendre que la vie c’est  un combat et qu’il faut se regrouper  pour mener la lutte », avoue-t-elle .

La structure était pour elle un espace d’expression.  C’est là qu’elle allait vivre l’un des meilleurs moments  de  sa  vie. Zuma Angela Jasmine Lavertu y participait à des ateliers d’écriture et de lecture. Grâce à ces formations un autre talent s’est développé : l’art d’écrire.  « Dès mon intégration, j’ai  remporté un concours d’écriture que  la structure avait organisé autour du thème « Pour que mon pays soit debout ».  C’était  mon  premier prix. J’étais très contente. J’étais la deuxième fille à gagner ce concours. C’est  un moment que je n’oublierai jamais de ma vie », a-t-elle fait savoir.

Zuma Angela Jasmine Lavertu
Crédit photo: Dieulifet Elucien

Après  le  concours, en 2010, pour  célébrer l’anniversaire  de  la structure on lui a proposé  de faire  du théâtre.  Elle devait se mettre dans la  peau d’une nonne. « On  m’avait proposé  de jouer une pièce  de théâtre. J’étais partante car j’aimais la scène depuis toute petite.  C’était mon premier spectacle en tant que comédienne.  J’avais bien  joué le rôle. Et après  le spectacle des gens m’ont félicitée »,  se rappelle celle qui veut  faire du théâtre son arme pour lutter contre toutes formes d’injustice.

Après leur succès  les jeunes du MOLICAJ ont voulu créer une troupe de théâtre.  De fait,  ils ont créé Marabou en 2011. Mais on n’avait  pas  de formateurs pour nous aider, dit-elle. Cependant en dépit de tout, la  troupe  a  réalisé quelques activités  dans la ville.

En effet, pour  fêter ses  10 ans,  le Mouvement théâtral de la région goavienne (Mothergo+) a invité la troupe Marabou  à participer à la 1e édition de son  festival : Mèt Lawouze. Ce que  les responsables de Marabou avaient accepté car c’était la plus grande troupe de la ville qui les avait invités, selon Jasmine. « Après le spectacle, je  voulais intégrer Mothergo+ attirée par le talent de ses acteur.trice.s. Étant donné que  la  charte de Marabou  interdisait qu’une personne  soit membre de deux troupes à Petit-Goâve, j’étais obligé d’abandonner ma première troupe », nous a-t-elle confié.

« J’ai décidé d’intégrer le  groupe  parce que je pensais que  je pouvais y trouver beaucoup plus de formations qui pourraient m’aider à aller plus loin », raconte celle qui a pour nom de scène Zuma. « La séparation n’a pas été facile mais  on voulait faire une plus grande expérience » a-t-elle souligné.

Depuis son intégration, la jeune comédienne enchaîne les spectacles. « J’ai  participé à plusieurs spectacles comme Ayaboombe, Ti paris, les enfants de dieux, Petit-Goâve nous sommes ta lumière, Cicatrices du temps, Ti chèlbè, Transe-mutation, Réflexion, […] »,  élabore la Petit-goavienne. Zuma a joué des spectacles sous les auspices  de Guy Régis, Erickson Jeudi, Sadrac jean, Fabrice Nicot, Angelo Miramonti, Ketlly Noël, comme metteur en scène. La comédienne veut lutter pour l’égalité homme-femme, cependant elle ne se voit pas en dehors de la scène des spectacles.

Des débuts difficiles

Hormis son père, tout le monde dans sa famille s’opposait à ce qu’elle fasse du théâtre. Pour sa mère notamment, le théâtre était l’affaire des fous. Elle a d’ailleurs tout fait pour empêcher sa fille aînée de monter sur scène. « Ma mère m’a menacée une fois de brûler  mon acte de naissance si je n’abandonnerais pas. Je lui ai dit oui, mais après quelques jours je me suis rendu à son insu aux répétitions », conte celle qui veut militer pour le respect des droits des enfants dans le pays.

Le 18 novembre 2012, deux de ses tantes et un cousin se sont présentés dans une salle où elle jouait. Mais contrairement à ce qu’elle aurait souhaité, ils n’étaient pas là pour la soutenir. « Pendant que je suis sur scène, je les ai vus arriver. Vu leurs regards, j’ai tout de suite pensé  à mon père qui était malade, dit-elle. Effectivement,  il est décédé. Comme j’étais déjà sur scène, ils m’avaient laissé finir avant de m’annoncer la nouvelle », raconte Zuma.

Après la mort de son père, sa mère est devenue plus catégorique. Elle lui a interdit de participer à toutes activités qui ont rapport à la scène. Sa relation avec sa mère s’est en conséquence dégradée, tout comme ses performances académiques. Mais, sur le conseil d’ami.e.s de la famille, sa mère a accepté de faire certaines concessions. Elle était libre de faire du théâtre.

« Aujourd’hui, ma mère est fière de ce que je suis », déclare Zuma. « Si  je passe un mois sans que ma mère m’entende parler de mes activités artistiques, elle me questionne pour savoir ce qui se passe », s’est réjouie l’actrice qui a aussi suivi plusieurs formations avec Rescapé sur théâtre Forum,  Association 4 chemins,  etc.

Après avoir terminé ses études en sciences juridiques  à l’école de droit et des sciences économiques des Gonaïves (EDSEG) en 2020, elle revient dans sa ville natale  pour continuer sa carrière d’artiste et travailler sur ses projets. Depuis, elle est co-responsable de son ancienne troupe, Marabou. « C’est avec beaucoup de fierté que je partage tout ce que j’ai appris aux membres de cette troupe », relate l’artiste qui aime porter le noir.

Parallèlement, Zuma  fait partie depuis mars 2021 du staff qui gère Mothergo+ en tant que responsable de communication .« C’est un honneur pour moi de faire partie du comité de cette structure. Je suis très contente de mettre mon savoir-faire au service d’un groupe qui m’a formée et du coup de servir ma ville», a-t-elle témoigné.

Après la scène, …la scène

À côté de sa vie de comédienne, Zuma investit ses heures à écrire. Étant l’une des onze femmes bénéficiaires du programme EFEA 2020 du Centre Pen Haïti, elle finalise des nouvelles et travaille sur un projet sur les « Madan Sara ». Elle a aussi pour perspective d’écrire un court-métrage.

Zuma souhaite devenir  une comédienne  de renommée internationale et faire du cinéma. Entre-temps, elle compte finaliser son mémoire sur le droit de l’enfance afin d’obtenir sa licence en sciences  juridiques. Mais, l’un de ses plus grands rêves est de se former au théâtre dans une école de haut niveau. Néanmoins, elle n’écarte pas la  possibilité de se diriger vers l’École nationale de la  magistrature pour le plaisir de sa mère.

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